Mali : les journalistes de RFI « assassinés froidement » par des « groupes terroristes »

Les deux journalistes français de RFI enlevés et tués samedi au Mali ont « été assassinés froidement » par balles, par des « groupes terroristes », a annoncé dimanche le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, après une réunion de crise à l’Elysée.

Ghislaine Dupont (d) et Claude Verlon (g) à Bamako, en juillet 2013. © AFP

Ghislaine Dupont (d) et Claude Verlon (g) à Bamako, en juillet 2013. © AFP

Publié le 3 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon "ont été assassinés froidement. L’un a reçu deux balles, l’autre trois balles", a déclaré M. Fabius, indiquant que les deux journalistes avaient été enlevés "par un petit commando" devant le domicile d’un responsable touareg qu’ils venaient d’interviewer. "Leurs corps ont été retrouvés à 12 km (…) à quelques mètres de la voiture fermée à clé, il n’y avait aucun impact de balles sur la voiture", a-t-il dit. "Les assassins, ce sont ceux que nous combattons, c’est-à-dire les groupes terroristes qui refusent la démocratie et qui refusent les élections", a martelé le ministre.

Le nord du Mali, occupé en 2012 par des islamistes armés liés à Al-Qaïda, reste très instable en dépit de l’intervention armée internationale lancée par la France en janvier et toujours en cours pour traquer les jihadistes de la région. Les attentats et attaques islamistes se multiplient à l’approche des élections législatives, dont le premier tour est prévu le 24 novembre.

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Kidal, où s’est produit le drame, échappe au contrôle de Bamako et est sous la coupe de groupes rivaux touareg, malgré la présence de quelque 200 militaires français, basés à l’aéroport, et de troupes de la Minusma, la force de maintien de la paix de l’ONU au Mali. "Par la force des choses, Kidal bénéficie d’une sorte de statut à part. Nos forces qui y sont déployées n’ont pas une marge d’action qui leur permette d’être en permanence présentes sur les différents axes, le contingent de la Minusma qui est là bas est plus ou moins cantonné, et Serval (la force française, ndlr) ne dispose pas des effectifs pour sécuriser la ville", a résumé dimanche sur France 24 le ministre malien de la Défense Soumeilou Boubeye Maiga.

M. Fabius a annoncé que "la sécurisation de l’ensemble de la zone et des zones voisines" allait être "accrue", mais sans fournir de détails. De source gouvernementale, il s’agirait de rendre la présence française "plus visible" dans l’extrême-nord du Mali.

Nombreuses questions autour des meurtres

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Les corps des deux journalistes devraient être rapatriés rapidement en France. La PDG de France Médias Monde (incluant RFI) Marie-Christine Saragosse a annoncé qu’elle partait ce dimanche à Bamako avec d’autres responsables de la radio, où l’émotion était toujours très vive 24 heures après le drame. De nombreuses questions demeuraient également sur les causes et les circonstances de l’assassinat de ces deux journalistes aguerris, enlevés en plein jour et retrouvés morts moins de deux heures plus tard par une patrouille française, à une douzaine de kilomètres à l’est de Kidal. Selon le témoignage d’Ambéry Ag Rhissa, le représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) que les journalistes venaient d’interviewer et qui a assisté à l’enlèvement, les agresseurs parlaient tamachek, la langue des Touareg.

Kidal, situé à plus de 1.500 km au nord-est de Bamako, est le berceau de la communauté touareg et du MNLA. Ce dernier a condamné samedi soir les crimes et promis de "tout mettre en oeuvre pour identifier les coupables". Mais les regards se tournent aussi vers Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), très présente dans la région malgré la présence des troupes françaises. Les meurtres de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon sont intervenus quatre jours après la libération de quatre otages français, détenus par Aqmi pendant plus de trois ans dans la région.

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La presse française évoquait dimanche l’hypothèse d’un différend financier entre groupes armés autour de la rançon qui aurait été versée –20 millions d’euros selon certaines sources– pour obtenir la libération des quatre otages français. "Est ce que la répartition des rançons versées a été équitable ? Il n’est pas impossible que certains au sein d’Aqmi se soient sentis grugés", a déclaré à l’AFP l’ethnologue André Bourgeot, spécialiste des mouvements touaregs dans la région.

Les journalistes enlevés ont-ils pu être exécutés alors que les ravisseurs tentaient d’échapper à leurs poursuivants? Selon le porte-parole de l’état-major français, le colonel Gilles Jaron, les forces françaises basées à l’aéroport de Kidal, alertées de l’enlèvement, ont envoyé une patrouille et deux hélicoptères sur zone, mais ont découvert les corps des deux journalistes sans avoir vu ou affronté les meurtriers. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a appelé dimanche les journalistes présents au Mali à la prudence et appelé les autorités maliennes "à mener une enquête pour arrêter les coupables" et "renforcer la sécurité au nord du pays".

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