En Tunisie, plus de 100 migrants « expulsés vers l’Algérie »
Alors que la Tunisie et l’UE ont conclu un accord le 16 juillet qui prévoit une aide européenne de 105 millions d’euros à la Tunisie pour lutter contre l’immigration clandestine, Human Rights Watch a appelé Bruxelles à « cesser tout financement des autorités responsables de ces abus ».
Plus de 100 migrants africains interceptés en mer par la garde nationale tunisienne ont été « expulsés vers l’Algérie » à la mi-septembre, dénonce Human Rights Watch (HRW).
Selon des témoignages recueillis par l’ONG, au moins une centaine de candidats à l’émigration « parmi lesquelles figurent des enfants et peut-être des demandeurs d’asile » ont été « collectivement expulsés vers la frontière avec l’Algérie les 18 et 20 septembre » et laissés « sans nourriture ni eau ». « Ces opérations pourraient signaler un changement dangereux dans la politique tunisienne, dans la mesure où les autorités avaient l’habitude auparavant de libérer les migrants interceptés », s’inquiète HRW dans un communiqué.
Selon l’ONG, certains migrants ont affirmé que « des agents de la Garde nationale les avaient battus et avaient volé leurs biens, notamment des téléphones, de l’argent et des passeports ». « Seulement deux mois après les dernières expulsions massives et inhumaines de migrants et de demandeurs d’asile originaires d’Afrique subsaharienne vers le désert, les forces de sécurité tunisiennes ont de nouveau exposé les personnes au danger, en les abandonnant dans des zones frontalières reculées », déclare Salsabil Chellali, directrice de HRW pour la Tunisie.
« Expulsions collectives »
Après une rixe dans laquelle était mort un Tunisien le 3 juillet à Sfax, deuxième ville de Tunisie et épicentre des départs clandestins cette année, des centaines de migrants africains avaient été arrêtés et conduits par la police tunisienne dans des zones inhospitalières aux frontières avec la Libye à l’est, et l’Algérie à l’ouest.
Selon HRW, « plus de 1 300 migrants et demandeurs d’asile » ont fait l’objet de ces « expulsions collectives », qui ont attiré à la Tunisie des protestations officielles du secrétariat général de l’ONU à New York. « En transférant les migrants vers la frontière et en les poussant vers l’Algérie, les autorités tunisiennes ont tenté des expulsions collectives, interdites par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples », souligne HRW.
Rappelant un accord conclu le 16 juillet qui prévoit une aide européenne de 105 millions d’euros à la Tunisie pour lutter contre l’immigration clandestine, HRW a appelé l’UE à « cesser tout financement des autorités responsables de ces abus ».
(Avec AFP)
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