RDC : l’armée donne une chance aux rebelles du M23 avant l’assaut final

L’armée congolaise préparait vendredi un nouvel assaut pour déloger les derniers rebelles du M23 des quelques collines qu’ils occupent encore dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) mais leur a donné une ultime chance d’éviter une offensive finale.

Un char de l’armée congolaise patrouille près de Bunagana, le 31 octobre 2013. © AFP

Un char de l’armée congolaise patrouille près de Bunagana, le 31 octobre 2013. © AFP

Publié le 2 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

"Nous donnons une dernière chance à tous les combattants du M23 de se rendre", a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Olivier Amuli, porte-parole de l’armée pour le Nord-Kivu, province dont le sous-sol regorge de ressource minières convoitées. Les rebelles sont "pris en étau", a ajouté l’officier, rencontré à Bunagana.

Fief politique et dernière place forte de la rébellion, cette localité est située à la frontière ougandaise, à environ 80 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Elle a été reprise mercredi par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), cinq jours après le début de leur offensive contre la rébellion, dont on ignore toujours le bilan en terme de vies humaines perdues.

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Depuis mercredi, quelques centaines d’irréductibles du M23 – environ "deux cents éléments résiduels" selon le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende – sont retranchés à près de 2.000 mètres d’altitude sur les collines verdoyantes de Mbuzi, Runyonyi et Chanzu, proches de Bunagana. Selon le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, "l’objectif est de déloger le M23" de ces hauteurs cultivées. A Bunagana, aucune détonation n’a été entendue dans la journée. "On consolide nos positions", a indiqué le général Lucien Bahuma commandant de la 8e région militaire, qui couvre le Nord-Kivu.

L’action militaire n’est pas la "panacée"

Dans la ville aux habitations modestes, sans électricité ni eau courante, certains habitants se disent ou se montrent encore peu rassurés. Depuis le début de la semaine plusieurs milliers de personnes se sont réfugiées en Ouganda à partir de Bunagana. A la frontière, le commerce a repris dans les deux sens, cependant, comme la veille, certains expliquent qu’ils rentrent du côté congolais pour la journée, mais qu’ils repasseront en Ouganda, par précaution, pour la nuit.

Dans les territoires libérés, il y a "un risque que des éléments incontrôlés de la population, des forces armées ou des groupes armés commettent des actes de vengeance ou de représailles", a indiqué le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans un communiqué, appelant "les autorités à tout mettre en œuvre pour empêcher de tels actes". Une centaine de soldats sont déployés dans la localité. Certains font preuve de nervosité dans leurs rapports avec la population.

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Sur la route qui mène à Bunagana, plusieurs patrouilles de la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo (Monusco) se succèdent. La Monusco n’a pas participé directement au combats des derniers jours mais a apporté un soutien en matière de logistique et de renseignement à l’armée congolaise, et les Casques bleus se sont déployés dans les zones reconquises pour assurer la protection des civils.

Le M23 est né d’une mutinerie, en avril 2012, d’anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l’armée en 2009 après un accord de paix. L’ONU et Kinshasa accusent régulièrement l’Ouganda et le Rwanda de soutenir le M23, ce que réfutent Kigali et Kampala. Après l’appel du président congolais, Joseph Kabila, qui a exhorté mercredi une nouvelle fois les rebelles à "se démobiliser volontairement" sous peine d’être désarmés "par la force", M. Mende a insisté vendredi à Kinshasa sur le fait que "le succès de [la] contre-offensive militaire n'[était] pas une panacée".

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Les actions "politiques et diplomatiques […] nous paraissent être les seules à même de garantir une paix durable à notre pays", a-t-il ajouté alors que les rebelles parlent depuis deux jours de l’imminence de la signature d’un accord à Kampala, où les belligérants entretiennent depuis décembre un dialogue rompu plusieurs fois et n’ayant produit aucun résultat pour l’instant. Jeudi soir, l’Union européenne a exhorté les deux parties à achever leurs négociations pour permettre le démantèlement définitif du M23.

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