Mort de Gérard de Villiers, le Prince Malko Linge de la série SAS est orphelin

L’écrivain baroudeur Gérard de Villiers, auteur des sulfureux polars d’espionnage « SAS » écoulés à des dizaines de millions d’exemplaires, est mort jeudi à Paris à l’âge de 83 ans, a-t-on appris vendredi auprès de ses proches.

L’écrivain Gérard de Villiers à Paris, le 28 septembre 2007. © Patrick Kovarik/AFP

L’écrivain Gérard de Villiers à Paris, le 28 septembre 2007. © Patrick Kovarik/AFP

Publié le 1 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

"Le Prince Malko Linge est orphelin : l’écrivain Gérard de Villiers est décédé hier à Paris à 83 ans des suites d’une longue maladie", a annoncé son avocat Me Eric Morain sur Twitter.

"Il avait souhaité que son décès soit annoncé comme cela", a-t-il précisé à l’AFP. Une sorte de "pied de nez" selon lui, de la part de quelqu’un qui n’avait jamais écrit le moindre "tweet" et rédigeait tous ses SAS sur une machine à écrire datant de 1976.

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"En mai on lui avait diagnostiqué un cancer du pancréas avec des métastases au foie", a affirmé à l’AFP Christine de Villiers, l’épouse de l’auteur et elle-même dirigeante des éditions Gérard de Villiers.

"Sur les dernières semaines, il restait conscient mais très fragile", selon Mme de Villiers. "C’est exactement la mort qu’il ne voulait pas". "La Vengeance du Kremlin", le dernier tome de sa saga, était paru début octobre.

Passionné d’actualité

Ex-journaliste de Paris Presse et à France Dimanche, passé à la littérature dans les années 1960, ce passionné d’actualité était très introduit dans les milieux du renseignement et de la diplomatie, lui permettant d’offrir à ses lecteurs des récits bien informés, toujours teintés de sexe.

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Début février, le New York Times l’avait consacré comme "l’auteur de romans d’espionnage qui en savait trop". Il venait de passer dix jours en Afghanistan, théâtre de ses deux SAS à venir, les 198e et 199e de la série.

"Conteur d’histoires pour adultes", il était aussi un "passeur d’informations". "Les services ont maintes fois utilisé des SAS pour faire passer des messages à leurs homologues", a révélé Me Morain, ami et avocat de de Villiers depuis 15 ans.

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"C’était un homme passionné de géopolitique, de l’information, c’était un homme qui se tenait sans arrêt informé", a renchéri sur BFMTV Renaud Girard, grand reporter au Figaro, saluant au passage sa grande force de travail.

Gérard de Villiers nous avait accordé une interview, en septembre 2012, à l’occasion de la sortie de SAS Panique à Bamako :

Manque de reconnaissance

Alors que la série SAS affiche aujourd’hui 200 titres, Gérard de Villiers déclarait récemment ignorer le nombre exact de livres vendus depuis 1965 et la publication de "SAS à Istanbul", le premier de la collection, il y a près d’un demi-siècle: "Sans doute entre 120 et 150 millions tous pays confondus", avançait-il.

"Ce qui lui manquait c’était la reconnaissance (…). Il ne pouvait pas s’empêcher de choquer", a dit Ariane Chemin, journaliste au Monde, qui avait récemment consacré un portrait, sous le titre "Itinéraire d’un réac", à l’auteur à succès méprisé des critiques littéraires.

L’écrivain Christophe Ono dit Biot, grand prix du roman de l’Académie française 2013, à pour sa part estimé sur i-Télé que "la pop culture française perd un de ses représentants".

"Je crois que c’est une mythologie française d’une autre époque", a-t-il ajouté, qualifiant les SAS de "littérature de très mauvais goût mais marquante" que l’on retrouve à coup sûr "dans tous les foyers français".

Dans un document d’archive diffusé par BFMTV, Gérard de Villiers racontait qu’il parcourait le monde, souvent dans des zones à risque, pour aller à la rencontre des villes et des personnages fictifs de ses romans. "L’ambiance d’une ville, vous ne pouvez pas l’inventer", disait le très productif auteur qui écrivait jusqu’à cinq tomes par an.

Il répondait à ses détracteurs jugeant ses livres "vulgaires" qu’il se considérait "comme un conteur" ayant "la chance de ne pas faire un métier ennuyeux". Interrogé par l’AFP, le ministère de la Culture n’a pas souhaité réagir à la mort de l’auteur.

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