La Tunisie à la veille de connaître son nouveau Premier ministre ?

Les partis tunisiens négociaient encore vendredi à la veille de l’annonce prévue du nom du prochain Premier ministre, qui succédera au pouvoir aux islamistes d’Ennahda usés par une profonde crise politique et des violences jihadistes.

Session plénière de l’Assemblée constituante tunisienne, le 29 octobre 2013 à Tunis. © Fethi Belaïd/AFP

Session plénière de l’Assemblée constituante tunisienne, le 29 octobre 2013 à Tunis. © Fethi Belaïd/AFP

Publié le 1 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Selon le syndicat UGTT, principal médiateur du "dialogue national", les chefs de partis ont repris à la mi-journée leurs pourparlers pour s’accorder sur le nom du prochain chef de gouvernement, un indépendant qui aura deux semaines pour composer un cabinet apolitique.

"Le message qui ressortira du dialogue national est que les Tunisiens sont capables de compromis malgré leurs différences", a affirmé sur sa page officielle Facebook le syndicat, qui se veut optimiste.

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L’UGTT a indiqué à l’AFP maintenir l’annonce samedi de l’identité du futur chef de gouvernement. Selon les médias et responsables tunisiens, quatre personnalités sont en lice pour succéder à l’islamiste Ali Larayedh. Deux d’entre eux, Mohamed Ennaceur, 79 ans, et Ahmed Mestiri, 88 ans, sont des vétérans de la vie politique ayant été ministres du premier président et père de l’indépendance, Habib Bourguiba.

Les deux autres sont des économistes réputés, Mustapha Kamel Nabli, 65 ans, ancien ministre de Zine El Abidine Ben Ali (1990-1995) et ex-gouverneur de la Banque centrale limogé sans ménagement à l’été 2012, et Jalloul Ayed, 62 ans, un homme d’affaires qui a été ministre des Finances en 2011 après la révolution ayant renversé le régime de Ben Ali.

Calendrier des négociations

Ali Larayedh s’est engagé à céder sa place et permettre la formation d’un cabinet apolitique pour sortir de la profonde crise politique déclenchée en juillet par l’assassinat du député d’opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

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Il a cependant conditionné son départ à l’application stricte du calendrier des négociations, qui prévoit notamment la formation de la commission électorale en théorie d’ici samedi et le lancement de la procédure d’adoption de la Constitution, en cours de rédaction depuis deux ans.

>> Lire : Les enjeux d’un dialogue national apaisé

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Sa démission formelle ne doit d’ailleurs pas intervenir avant la mi-novembre.

Les chefs de partis réunis vendredi devront aussi prendre "un ensemble de décisions pour accélérer le processus d’adoption de la Constitution", selon l’UGTT.
Promesse de sécurité accrue dans le tourisme

Ces pourparlers, qui se sont déroulés jusqu’à présent sans accroc majeur, interviennent dans un contexte de tension extrême, avec la multiplication des violences attribuées à la mouvance jihadiste.

Lire aussi : La garde nationale, une force affaiblie en première ligne face au jihadistes

Ainsi, pour la première fois depuis la révolution de janvier 2011, deux sites touristiques ont été visés mercredi, l’un par un attentat suicide qui n’a pas fait de victime excepté le kamikaze, et l’autre par une tentative qui a pu être déjouée à temps.

Or le secteur du tourisme (7% du PIB, 400.000 emplois) est stratégique pour la Tunisie qui peine à attirer les voyageurs depuis la révolution de 2011.
Par ailleurs, neuf gendarmes et policiers ont été tués au cours du seul mois d’octobre dans des heurts avec des groupes armés.

Le patronat tunisien, l’Utica, s’est inquiété jeudi de l’"escalade du terrorisme qui s’attaque désormais à des secteurs stratégiques de l’économie en cette conjoncture économique difficile".

Patrouilles renforcées

Le ministre du Tourisme Jamel Gamra a pour sa part promis "une campagne de contrôle des systèmes de protection des hôtels et une autre campagne de formation" pour leurs employés. Il n’a indiqué ni de calendrier, ni de budget pour ces initiatives.

Les patrouilles des forces de l’ordre ont par ailleurs été considérablement renforcées dans les zones touristiques tunisiennes. Si aucune revendication n’a été annoncée, le gouvernement a attribué les attaques au mouvement salafiste Ansar Ashariaa, accusé d’entretenir des liens avec Al-Qaïda.

L’opposition n’a eu cesse d’accuser les islamistes d’Ennahda d’être responsables par leur laxisme de l’essor de ces violences.

L’instabilité politique et les heurts armés ont aussi miné l’économie tunisienne, anémique depuis la révolution. Les conflits sociaux se sont multipliés, alors que le chômage et la misère étaient au coeur des causes du soulèvement du 2011.

L’agence d’évaluation financière Fitch a d’ailleurs abaissé mercredi de deux crans la note de dette à long terme du pays, du fait des incertitudes politiques, du report des élections et de la multiplication des violences.

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