Au Niger, les militaires français ont amorcé leur départ
Un convoi terrestre sous escorte locale a quitté Niamey vers le Tchad. De leur côté, les États-Unis ont officiellement qualifié la prise du pouvoir du général Tiani de coup d’État.
Le 10 octobre, les premiers soldats français quittaient le Niger dans un convoi terrestre sous escorte locale, en direction du Tchad, au moment où les États-Unis ont annoncé la suppression de leur aide à ce pays dirigé depuis fin juillet par un régime militaire.
Le retrait des Français avait rapidement été exigé par les généraux nigériens après leur arrivée au pouvoir et le président français Emmanuel Macron avait annoncé fin septembre leur départ.
Commun accord
Environ 1 400 soldats et aviateurs français étaient jusqu’ici déployés dans le pays pour lutter contre les jihadistes aux côtés des Nigériens, dont environ 1 000 à Niamey et 400 sur deux bases avancées dans l’ouest, à Ouallam et Tabarey-Barey, au cœur de la zone dite des « trois frontières » avec le Mali et le Burkina Faso. « Les troupes basées à Ouallam (ouest) ont quitté aujourd’hui leur base. Il s’agit des opérations pour le départ du premier convoi terrestre en direction du Tchad sous escortes de nos forces de défense et de sécurité », a précisé le régime de Niamey dans un communiqué.
Outre les départs par voie terrestre, le régime nigérien a indiqué que « trois vols spéciaux » ont été enregistrés à l’aéroport de Niamey, deux pour le départ de « 97 éléments des forces spéciales » et un « consacré à la logistique ». Le régime qui avait assuré vouloir que ce retrait se fasse « en toute sécurité » précise que le désengagement se poursuivra conformément « au calendrier arrêté d’un commun accord par les deux parties ».
« Coup d’État »
Le 10 octobre, les États-Unis, qui comptent environ 1 100 soldats dans le pays et une importante base de drones à Agadez (centre), ont formellement qualifié la prise de pouvoir par les militaires le 26 juillet de « coup d’État » et annoncé en conséquence la suppression de quelque 500 millions de dollars d’aide économique. « Nous prenons cette mesure parce qu’au cours des deux derniers mois, nous avons épuisé toutes les voies disponibles pour préserver l’ordre constitutionnel au Niger », a affirmé le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.
« Toute reprise de l’aide américaine nécessitera des mesures » de la part du régime « pour ramener une gouvernance démocratique dans un délai rapide et crédible », a ajouté Miller. En revanche, Washington va pour l’instant garder ses troupes au Niger. Un autre responsable américain a indiqué que ces soldats n’assistaient plus et ne formaient plus activement les forces nigériennes mais continuaient à surveiller la menace jihadiste.
Trajet dangereux
Ce nouveau retrait lance aux Français un double défi logistique et sécuritaire. Les options de trajet sont limitées, voire dangereuses, avec le risque de manifestations antifrançaises mais aussi la présence de jihadistes liés à Boko Haram et à la filiale en Afrique de l’Ouest de l’EI (Iswap) dans la zone de Diffa (est du Niger).
Les frontières terrestres du Niger sont par ailleurs fermées avec le Bénin et le Nigeria depuis le coup d’État. Et les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français, civils et militaires, sauf dérogation. Les frontières ont été en revanche rouvertes avec l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso, le Mali et donc le Tchad.
Après avoir conclu un partenariat de combat avec le Niger contre les groupes jihadistes, la France avait discrètement étoffé l’enceinte de Niamey, avec des blindés et des hélicoptères. Du matériel informatique, des abris modulaires pour les aéronefs, des cabines de pilotage pour les drones ou encore des bulldozers du génie sont également sur place : autant de matériels que l’armée française n’a aucune intention de laisser derrière elle.
(Avec AFP)
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