Face à une conjoncture dégradée, les banques tunisiennes prises entre le marteau et l’enclume
Plus que jamais, les banques tunisiennes financent le budget de l’État. Mais le mécanisme arrive à bout de souffle. Jadis choyés, les banquiers sont maintenant pointés du doigt par le pouvoir.
La fragile situation bancaire se résume à un chiffre et à un silence surprenant. Au premier semestre 2023, les encours des bons du Trésor à court terme (BTC) ont progressé de 51 % par rapport à l’an dernier à la même période. Autrement dit, l’État – « aux abois », selon les termes d’un ancien ministre – fait appel massivement aux banques pour se financer rapidement.
Le pouvoir tunisien a traditionnellement recours aux banques pour obtenir des liquidités. Jusque-là, il privilégiait plutôt les bons du Trésor assimilables (BTA) aux échéances plus lointaines. Mais, aujourd’hui, ces BTA engorgent les portefeuilles des 22 établissements bancaires.
Autre signe de l’urgence financière : les opérations d’open market (opérations d’achat-vente fermes de titres) de la Banque centrale de Tunisie (BCT) ont, au 10 octobre, augmenté de 53 % par rapport à l’an dernier sur la même période. Le grand argentier n’attend plus que les banques viennent à lui pour échanger les BTC, il intervient directement sur le marché interbancaire pour acheter ces fameux bons et renflouer plus rapidement l’État.
« À une autre époque, le gouverneur aurait remis sa démission dans la foulée »
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