Mali : la situation à Kidal « inadmissible », dit le président Keïta
La situation à Kidal (extrême nord-est du Mali), fief touareg en partie contrôlé par les rebelles, est « inadmissible », estime le président malien dans un entretien à trois médias dont l’AFP à Dakar, où il a participé à deux sommets ouest-africains.
Dans la capitale sénégalaise, Ibrahim Boubacar Keïta, surnommé IBK d’après ses initiales, a assisté jeudi à un sommet ordinaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa, 8 pays) et vendredi à un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 pays).
Vendredi soir, il a rencontré des équipes de la télévision publique malienne ORTM, de la chaîne privée africaine basée à Bamako Africable ainsi que de l’AFP, aux conditions fixées par son entourage: pas de question sur l’actualité nationale, seulement les sujets abordés lors des deux sommets.
Durant ces rencontres, M. Keïta, élu le 11 août après 18 mois d’une crise politico-militaire qui a meurtri le Mali en 2012 et 2013, dit en avoir profité "pour remercier aussi bien l’Uémoa que la Cédéao, singulièrement la Cédéao, pour la part prise dans le salut du Mali".
La crise a été marquée par une rébellion touareg, un coup d’Etat en mars 2012, une occupation du Nord par des groupes islamistes armés en grande partie chassés, à partir de janvier, par une intervention – toujours en cours – de troupes françaises, tchadiennes et de la Cédéao. Les soldats tchadiens et ouest-africains ont intégré en juillet la mission de l’ONU au Mali, la Minusma.
Dans leur déclaration finale, les dirigeants de la Cédéao ont appelé à "prendre des dispositions urgentes pour renforcer la Minusma".
Face à la recrudescence des activités jihadistes depuis trois semaines, Bert Koenders, chef de la Minusma, avait demandé la semaine dernière des renforts en troupes et matériel pour sa mission.
Selon IBK, "chacun sent que les mouvements jihadistes veulent reprendre du poil de la bête" dans le nord du Mali, même si les groupes islamistes armés en ont été en grande partie chassés par l’intervention militaire franco-africaine
"On a signalé des regroupements dans le Sud libyen qui n’augurent rien de bon pour nous, nos Etats – aussi bien le Mali que nos Etats frères du Niger et les autres", a-t-il affirmé.
La situation à Kidal "ne saurait prospérer"
Lors des deux sommets, "j’en ai profité également pour informer mes collègues à fond sur la situation dans le nord, singulièrement à Kidal, que je trouve inadmissible, insoutenable, intolérable et qui ne saurait prospérer. Très clairement, je l’ai dit", a-t-il soutenu.
Début octobre, des accrochages s’étaient produits à Kidal entre militaires maliens et rebelles touareg. IBK avait alors dénoncé un "chantage", estimant que les Touareg tentaient de peser sur les négociations de paix en cours avec le gouvernement malien. Elles achoppent notamment sur la question de l’autonomie des territoires du nord du Mali, souhaitée par les insurgés mais dont Bamako ne veut pas entendre parler.
Quant aux élections législatives maliennes dont le premier tour est prévu le 24 novembre (éventuel second tour le 15 décembre), "il n’y a pas de problème particulier par rapport à cela", a assuré le président.
Il s’est par ailleurs réjoui des décisions prises par le sommet de vendredi pour la création d’un cordon douanier unique pour la Cédéao, dit "tarif extérieur commun" (TEC), à partir de 2015 et d’une monnaie unique régionale à l’horizon 2020.
Il a cependant émis des réserves sur les accords de partenariat économique (APE) que tente de conclure l’Union européenne avec des pays africains dans le cadre de leurs relations commerciales.
"Il y a des aspects (des APE) sur lesquels nous ne sommes pas et nous ne saurons être d’accord", a lancé M. Keïta.
En effet, "nous avons déjà deux Etats qui ont avancé dans ce domaine", la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui ont signé un APE intérimaire avec l’UE, a-t-il noté. Mais "puisque nous tenons beaucoup à l’intégration et à l’harmonie communautaires, si nous ne voulons pas qu’on nous divise à ce niveau-là, il faut que nous fassions l’effort de pouvoir négocier un accord global, lequel accord, dès qu’il entre en vigueur, sera celui qui prévaudra, y compris pour le Ghana et la Côte d’Ivoire".
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