Israël-Palestine : la chronologie des tentatives d’accords

Depuis les premières implantations de communautés juives en Palestine, les parties en présence n’ont cessé de discuter pour trouver un terrain d’entente. Un interminable « processus de paix » semé de quelques avancées, et de beaucoup d’échecs.

Le président américain Bill Clinton entre le chef de l’OLP Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzahk Rabin qui se serrent la main pour la première fois, le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche. © J. DAVID AKE / AFP

Le président américain Bill Clinton entre le chef de l’OLP Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzahk Rabin qui se serrent la main pour la première fois, le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche. © J. DAVID AKE / AFP

Publié le 14 octobre 2023 Lecture : 5 minutes.

Entre guerres et redistribution des terres, les cartes illustrent mieux que de longs discours, le lent rétrécissement du territoire attribué à la Palestine. Ce qui n’était, au départ, qu’une concession pour l’établissement d’une colonie juive est devenue, en moins de trente ans, un État à part entière qui, au nom du droit à la survie du peuple juif visé par la politique d’éradication totale de l’Allemagne nazie, a spolié un peuple d’une terre dont il n’a jamais pensé qu’elle n’était pas sienne et qu’il pouvait en être chassé.

L’histoire est fratricide. Elle a couru tout au long du XXe siècle, de tragédies en drames humains, aboutissant aujourd’hui à un nouvel épisode terrible : l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » lancée par le Hamas depuis Gaza. Le 7 octobre 2023 vient ainsi s’ajouter à une sinistre chronologie, modelée au rythme des courants politiques dominants dans les coulisses de la diplomatie.

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Une chronologie également rythmée par des accords, balises d’une volonté répétée d’instaurer la paix au Moyen-Orient, sans pour autant qu’ils ne parviennent à ne rester autre chose que des occasions ratées. Ils illustrent les responsabilités d’une élite européenne qui a mis en œuvre sa puissance naissante au XIXe siècle pour façonner un monde selon une approche fondamentalement coloniale. À partir du dépeçage d’un Empire ottoman déjà décadent, des pays arabes ont été créés et mis sous mandat, forme de tutelle, de la France ou de la Grande-Bretagne, nouveaux maîtres de cette région du monde.

Dans ce contexte débute la tumultueuse histoire d’un Moyen-Orient où il n’était plus question d’invasion et de conquête mais d’occupation. Retour sur plus d’un siècle de discussions qui sont autant d’échecs sur le chemin de la paix.

1916 : Accords Sykes-Picot. Deux diplomates, le Britannique Sir Mark Sykes et le Français François-Georges Picot, signent en secret un partage du Moyen-Orient qui sera effectif à la fin de la Première guerre mondiale et après la chute de l’Empire ottoman, entériné par la conférence de San Remo (Italie) en 1920.

1917 :  Déclaration Balfour. Lord Arthur Balfour, secrétaire britannique aux Affaires étrangères, annonce à Lord Lionel Rothschild, éminente figure de la communauté juive et financier du sionisme, que « le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ».

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1919 : Accords Fayçal-Weizmann. Conclus à la Conférence de paix de Paris par Haïm Weizmann, chef de la délégation sioniste, et Fayçal ibn Hussein, chef de la délégation arabe, ils portent sur l’implantation de colonies juives en Palestine déjà effective depuis 1883, et envisagent une forme de coopération économique. Ils resteront sans suite, comme la Conférence du Caire de 1922.

1937 : Proposition de la création de deux États par la Commission Peel. En 1939, le Livre Blanc de Malcolm MacDonald envisage d’établir un gouvernement mixte arabo-juif avec une stricte attribution des terres. Ces séries de propositions sont rejetées.

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1948 : Résolution 194. Après la création de l’État d’Israël la même année, l’ONU adopte la résolution 194 qui crée la Commission de conciliation des Nations unies pour la Palestine. Elle réaffirme notamment le droit au retour des réfugiés palestiniens.

1978 : Camp David I. Après l’échec de la Conférence de Genève de 1973 où les Palestiniens n’étaient pas représentés, les accords de Camps David I instaurent la paix entre l’Égypte et Israël. Ils prévoient également la mise en place d’un gouvernement autonome en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

1993 : Accords d’Oslo. La première Intifada de 1988 a débouché sur les négociations de la Conférence de Madrid en 1991, qui aboutiront aux accords d’Oslo signés par le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, chef de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Les signataires reconnaissent les entités palestinienne et israélienne et valident la création d’une Autorité palestinienne qui gérera les territoires. Les accord de Taba en 1995 puis ceux de Wye River en 1998 prévoient l’évacuation des territoires occupés par l’armée israélienne depuis 1967.

2000 : Après l’échec de Camp David II en juillet 2000, la rencontre entre le Premier ministre israélien, Ehoud Barak et Yasser Arafat porte sur la mise en œuvre des accords de 1993. Une discussion sans effet que les conclusions de la Commission Mitchell mise en place par le président américain Bill Clinton et appelant à la reprise des négociations, ne parviendront pas à relancer.

2001 : Sommet de Taba. La deuxième Intifada s’invite autour de table qui réunit dirigeants israéliens et palestiniens. Ils s’accordent sur le statut de Jérusalem, ville ouverte, avec une répartition de l’autorité dans les quartiers juif et arabe. Mais les résultats espérés sont revus à la baisse.

2002 : Plan de paix saoudien. Amorcé en 1970 puis repris en 1981, ce plan s’appuie sur une « initiative arabe de paix » qui prévoit la création d’un État palestinien dont Jérusalem-Est serait la capitale, ainsi que le retrait d’Israël des territoires occupés depuis 1967 et le droit au retour des réfugiés palestiniens.

2002 : « Feuille de route pour la paix » ou « roadmap ». Sur la base de deux États, cette initiative du président américain George W. Bush devait se dérouler en trois étapes pour parvenir à une paix durable à l’horizon 2005.

2003 : « Initiative de Genève ». Modèle d’accords de paix discuté par des Israéliens et Palestiniens non mandatés par leurs autorités respectives.

2005 : Sommet de Charm el-Cheikh. Les travaux annoncent la fin de la deuxième Intifada qui déclenche la libération de 900 détenus palestiniens et le retrait progressif d’Israël de villes palestiniennes et de la bande de Gaza. La « Feuille de route pour la paix » de 2002 semble être mise en œuvre.

2007 :  Conférence d’Annapolis. Sur fond de crise de légitimité aussi bien en Palestine qu’en Israël, la conférence visant à établir les étapes d’un plan de paix tourne court alors que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et Ehoud Olmert, Premier ministre israélien, s’étaient déclarés favorables à une solution à deux États. Il était également fortement question d’une présence palestinienne à Jérusalem et d’un retrait israélien de Cisjordanie.

2020 : Accords d’Abraham. Changement de stratégie pour le président américain Donald Trump. Plus question de mettre en présence Palestiniens et Israéliens. Les chiites, proches de l’Iran, sont mis à l’écart et les négociations visent à entamer un processus de normalisation entre Israël, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Soudan et le Maroc. L’Arabie Saoudite était la prochaine sur la liste avant le déclenchement des hostilités du 7 octobre 2023. Le processus de normalisation semble fragiliser la position palestinienne et rendre de moins en moins crédible la solution à deux États.

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