Soixante-dix-sept jours après la chute de Bazoum, Washington parle d’un « coup d’État »

Pour la première fois depuis les événements du 26 juillet, les États-Unis viennent de qualifier de « coup d’État » la déposition du président nigérien, Mohamed Bazoum.

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Publié le 11 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Est-ce parce qu’un millier de militaires américains stationnent au Niger que les États-Unis ont tourné leur langue plus de sept fois dans leur bouche avant de trouver les bons mots pour qualifier l’opération qui a placardisé le président élu, Mohamed Bazoum, et propulsé le général Abdourahamane Tiani à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ?

Appeler un chat un chat

C’est le 10 octobre que Washington s’est résolu à appeler un chat un chat et à qualifier la prise de pouvoir des militaires nigériens de « coup d’État ». Une dénomination formelle qui n’est pas un détail, puisqu’elle provoque, conformément aux termes de la loi américaine, la suppression de 442 millions de dollars d’aide économique.

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Si le pays de l’oncle Sam a dégainé aussi lentement un vocabulaire instantanément employé par d’autres chancelleries, c’est qu’il aurait attendu le dénouement de voies susceptibles – à l’époque – de préserver l’ordre constitutionnel au Niger, ainsi que l’a expliqué un haut responsable américain à des journalistes.

Matthew Miller précise que, même après l’arrestation du président Bazoum, les militaires auraient pu « constitutionnellement » rétablir un pouvoir civil et démocratique dans les quatre-vingt-dix à cent-vingt jours. Si seulement soixante-dix-sept jours se sont écoulés depuis le 26 juillet dernier, c’est parce que Washington a bien été obligé de constater que, « au fil du temps, il est devenu clair […] qu’ils ne voulaient pas respecter ces règles constitutionnelles ».

Un mal pour un bien ?

Les États-Unis appellent toujours « à la libération immédiate de toutes les personnes injustement détenues après la prise de pouvoir militaire », mais ils n’évoquent aucun retrait des soldats américains, pas plus que de leur base de drones, alors que l’armée française, elle, a commencé à retirer ses troupes du Niger.

Mi-septembre, les États-Unis avaient repris en partie leurs activités militaires liées aux vols de surveillance et de reconnaissance, à des fins de protection des soldats. Auparavant, ils avaient semblé glisser progressivement vers la normalisation de leurs relations avec les putschistes, quand bien même leur allié historique français s’arc-boutait sur une position radicale.

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Du point de vue de la junte nigérienne, les déclarations de Matthew Miller résonnent comme un mal pour un bien. Le « mal » est le refus de considérer le renversement de Bazoum comme une prise en main de son destin par le peuple nigérien. Le “bien” est le message subliminal selon lequel les États-Unis sont résignés à composer avec le régime de Tiani.

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