Quand l’Afrique investit dans la surveillance de masse

Un rapport récent dévoile que les gouvernements africains dépensent au moins un milliard de dollars par an pour surveiller leurs populations, de manière parfois illégale.

La surveillance de masse fait grincer davantage de dents lorsqu’elle se drape dans les habits du secret défense. © GLEZ.

La surveillance de masse fait grincer davantage de dents lorsqu’elle se drape dans les habits du secret défense. © GLEZ.

 © GLEZ

Publié le 12 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Interception des échanges sur les téléphones mobiles, suivi des activités sur internet, surveillance des réseaux sociaux, systèmes urbains de vidéosurveillance avec détection numérique de comportements ou encore identification biométrique pour reconnaissance faciale… Dans l’espionnage de masse, les domaines d’intervention sont connus et les techniques rodées, bien que nombre d’entre elles constituent des atteintes à la protection de la vie privée. Les gouvernants ne rechignent pour autant pas à s’en doter, notamment sur le continent africain, démontre l’Institute of Development Studies (IDS), un think tank rattaché à l’université britannique du Sussex, dans un nouveau rapport, publié le 27 septembre.

Opacité du secteur

Intitulée « Mapping the supply of surveillance technologies to Africa: case studies from Nigeria, Ghana, Morocco, Malawi, and Zambia », l’étude explique d’emblée que si les États justifient, en off et notamment par la lutte anti-terroriste, l’usage de techniques contestées – voire contestables –, l’opacité qui entoure le secteur ne permet pas d’être exhaustif. Les experts évaluent tout de même le montant des dépenses annuelles y afférant à plus d’un milliard de dollars. Confronté aux assauts de Boko Haram, le seul Nigeria aurait dépensé, en une décennie, plus de 2,7 milliards de dollars dans ce secteur de la surveillance de masse.

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Le rapport de l’IDS révèle que les principaux fournisseurs de ces technologies aux pays africains sont chinois (Huawei et ZTE), américains (BIO-key et Agilis), italien (Hacking Team), français (Thales), britannique (BAE Systems), allemand (Dermalog) et israéliens (NSO Group, Cyberbit et Elbit Systems). Chaque entreprise est spécialisée et chaque pays client fait des choix spécifiques.

Logiciels espions

Acceptable, lorsqu’elle fait l’objet de justifications formelles et de justificatifs en bonne et due forme, la surveillance de masse – notamment via l’intelligence artificielle et les logiciels espions – fait grincer davantage de dents lorsqu’elle se drape dans les habits du secret défense pour espionner des journalistes, des opposants ou des militants qui n’emploient que des méthodes pacifiques.

Certes, les fournisseurs privés affirment sensibiliser et enquêter sur d’éventuelles violations des droits à la vie privée, à l’anonymat ou aux libertés d’expression et d’association. Mais sur ce point, leur engagement à traquer l’information reste pour le moins sujette à caution.

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