Soutien à Israël, « appui » au Hamas… Quelles sont les positions des Africains ?
Qui soutient Israël sans réserves ? Qui apporte son appui au Hamas ? Entre postures radicales, realpolitik et opinions publiques nationales, le continent montre des visages très contrastés. État des lieux en infographie.
Publié le 12 octobre 2023 Lecture : 3 minutes.
Un constat, d’abord. Depuis l’attaque terroriste aussi brutale qu’inattendue lancée le 7 octobre par le Hamas contre Israël, l’Afrique ne parle pas d’une seule voix. Au point que l’on peut même considérer que, sur ce sujet, le continent est plus que divisé. Pour tenter de comprendre un peu mieux le positionnement des uns et des autres – quand les pays ont communiqué à ce propos –, nous avons fait le choix de les répartir entre trois « postures » officielles : les pays qui condamnent fermement le Hamas et apportent un soutien quasi inconditionnel à Israël ; ceux qui appellent à la désescalade et condamnent les violences commises à l’encontre des civils quels qu’en soient les auteurs ; et, enfin, ceux qui refusent de condamner formellement l’attaque du Hamas ou lui trouvent des circonstances atténuantes.
De l’Union africaine au Sénégal via la RDC
L’Union africaine (UA) se classe dans cette dernière catégorie. Dans son communiqué du 8 octobre, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, appelle à un retour « sans conditions préalables à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe des deux États », tout en insistant sur le fait que la « dénégation des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment d’un État indépendant et souverain, est la cause principale de la permanente tension israélo-palestinienne ».
Cet appel à la négociation, c’est aussi la posture de la Tunisie et de l’Algérie, notamment. Avec, à Tunis comme à Alger, un appui au Hamas bien plus clairement formulé. Tunis a ainsi apporté son « soutien total et inconditionnel au peuple palestinien » – reprenant au passage à son compte la posture fort discutable du Hamas qui prétend en porter la voix –, insistant sur le fait que Gaza est « une terre palestinienne sous occupation sioniste depuis des décennies » et que les Palestiniens ont « le droit de récupérer toute la terre de Palestine ». À Alger, Ahmed Attaf, le ministre des Affaires étrangères, s’est inscrit dans la même ligne en dénonçant « l’escalade des agressions sionistes barbares contre la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines d’innocents enfants du peuple palestinien, tombés en martyrs face à l’entêtement de l’occupation sioniste dans sa politique d’oppression et de persécution ».
De l’autre côté du spectre : le Cameroun, le Ghana, la RDC et le Kenya, qui ont tous trois fortement condamné les attaques ciblant des civils et apporté leur soutien à Israël. Félix Tshisekedi a été l’un des premiers dirigeants du continent à réagir. Fustigeant les « attaque terroristes qui ont frappé l’État d’Israël », le chef de l’État congolais a souligné, dès le 8 octobre, sa « solidarité avec le peuple israélien », affirmant que Kinshasa et Tel-Aviv « sont unis pour combattre le terrorisme sous toutes ses formes ». Le Camerounais Paul Biya a pour sa part dénoncé, le 10 octobre dans un courrier adressé au président israélien,, « l’attaque armée du groupe islamiste palestinien Hamas », et adressé ses condoléances « à la nation israélienne profondément meurtrie ».
Entre ces deux lignes, les pays tentant de suivre une voie médiane sont les plus nombreux. Le Sénégal, l’Ouganda ou encore la Tanzanie s’emploient à condamner les violences contre des civils d’où qu’elles viennent, tout en appelant à la désescalade et à un retour le plus rapide possible à la table des négociations. Une posture plus difficile à tenir dans certains pays. En particulier au Maroc, où le rapprochement avec Israël, amorcé depuis plusieurs années – en particulier par la signature des accords d’Abraham, en 2021 –, était déjà mal compris par une large frange de l’opinion publique, sensible à la cause palestinienne, avant le déclenchement de la guerre. Une position que le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a depuis infléchie, en rappellant lors de la réunion extraordinaire de la Ligue arabe, qui s’est tenue au Caire le 11 octobre, l’impossibilité de « dissocier les événements récents » du « blocage politique de la question palestinienne » et des « raids systématiques » d’Israël contre « la mosquée sainte al-Aqsa ».