États-Unis : défaut écarté in extremis, Obama prépare la prochaine bataille budgétaire

Barack Obama a signé jeudi matin la loi votée in extremis par le Congrès américain qui écarte le défaut de paiement en relevant le plafond de la dette des États-Unis, concluant la plus grave crise politique de son second mandat.

Le président américain Barack Obama, le 16 octobre 2013 à la Maison Blanche. © AFP

Le président américain Barack Obama, le 16 octobre 2013 à la Maison Blanche. © AFP

Publié le 17 octobre 2013 Lecture : 4 minutes.

Le président américain a signé le texte après que le Congrès ait relevé mercredi soir le plafond de la dette du pays jusqu’au 7 février. Dans une intervention à la Maison Blanche il avait déclaré plus tôt que les élus auraient à regagner la "confiance" des Américains après deux semaines d’affrontements politiques, et dit souhaiter cesser de gouverner "de crise en crise".

Le Sénat américain puis la Chambre des représentants ont adopté successivement dans la soirée à de larges majorités un texte de compromis dévoilé quelques heures plus tôt, après d’intenses tractations et des semaines de péripéties parlementaires.

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Selon les termes du compromis, le Trésor est autorisé à emprunter jusqu’au 7 février, et l’Etat fédéral est financé jusqu’au 15 janvier.
L’ensemble des fonctionnaires fédéraux au chômage technique depuis 16 jours d’impasse budgétaire ont été rappelés au travail dès jeudi matin. Ils seront tous payés rétroactivement.

La directrice du Bureau de la gestion et du budget Sylvia Mathews Burwell a annoncé dans un communiqué séparé la reprise normale des services, remerciant les fonctionnaires de l’Etat fédéral pour leur dévouement au service de la population.

Mais ce compromis reste provisoire, ne donnant que quelques mois aux deux camps pour réconcilier leurs positions budgétaires. Une commission bicamérale doit être convoquée et élaborer d’ici le 13 décembre les contours d’un budget pour le reste de l’année 2014, une invitation au compromis dont se sont montrés jusqu’à présent incapables les élus du Congrès, divisé entre démocrates et républicains.

Anticipant ce nouveau chantier, Barack Obama a répété qu’il était "prêt à travailler avec tout le monde (…) sur n’importe quelle idée qui fera croître l’économie, créera des emplois, renforcera la classe moyenne et remettra en ordre le budget à long terme".

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Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, a souligné mercredi le caractère temporaire de l’accord, et déclaré dans un communiqué qu’il était "essentiel de réduire l’incertitude entourant la conduite de la politique budgétaire en relevant le plafond de la dette d’une manière plus durable".

Le dénouement marque un revers cinglant pour le camp républicain et son chef, le président de la Chambre John Boehner, qui a exigé pendant des semaines des concessions de l’exécutif, en particulier sur les dépenses sociales, avant tout vote budgétaire, avant de capituler mercredi.

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Parti républicain battu

"Nous nous sommes battus pour la bonne cause, mais nous n’avons pas gagné", a déclaré M. Boehner à l’antenne de la radio WLW de son fief de l’Ohio (nord). Il a promis de continuer à lutter contre "la catastrophe que représente la loi sur la réforme de la santé" promulguée par M. Obama en 2010 et dont un volet central a commencé à s’appliquer début octobre.

L’accord de mercredi ne contient qu’une clause mineure relative à la loi sur la santé, visant à renforcer les contrôles des revenus des personnes bénéficiant d’une aide financière pour leur couverture maladie. Les démocrates estiment même que cet article renforce leur réforme.

La bataille laissera des traces au sein du parti républicain, dont la cote de popularité a atteint un niveau historiquement bas cet automne. "J’ai dit depuis le départ que je savais comment ça se terminerait", déclarait consterné mercredi le sénateur républicain John McCain, très critique de la stratégie d’intransigeance adoptée par ses collègues de la Chambre.

La mouvance ultra-conservatrice du Tea Party, dont les élus sont accusés d’avoir provoqué l’impasse, n’a jamais été aussi impopulaire. Une enquête de l’institut Pew publiée mercredi montre que 49% des Américains ont une opinion défavorable du Tea Party, contre 43% en août 2011, lors du précédent affrontement sur la dette.

L’entrée dans une zone aussi inédite que dangereuse était promise à partir de jeudi à la première économie mondiale, avec un risque de défaut de paiement à court terme faute de capacité d’emprunt. M. Carney a toutefois révélé pour la première fois mercredi que la véritable échéance était jeudi "à la fin de la journée" et non mercredi minuit (jeudi 04H00 GMT).

Dès avant l’annonce de l’accord au Sénat, les marchés financiers avaient refusé de croire à un scénario catastrophe, et Wall Street a clôturé en hausse mercredi, ne se laissant pas déprimer par l’avertissement lancé mardi par l’agence Fitch, qui avait annoncé envisager d’abaisser la note de la dette souveraine des Etats-Unis, actuellement la meilleure possible à AAA.

Dans ce contexte, la Réserve fédérale (Fed) a révélé que l’économie du pays avait poursuivi son expansion de façon "modeste à modérée" pendant le mois de septembre et début octobre.

Mais la paralysie des administrations fédérales aura eu un impact sur l’économie. Selon l’agence Standard and Poor’s, la paralysie coûtera 0,6 point de pourcentage à la croissance économique américaine au quatrième trimestre, l’équivalent de 24 milliards de dollars de richesse produite en moins.

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