À Madagascar, l’élection présidentielle reportée d’une semaine
La Haute Cour constitutionnelle a décidé de reporter d’une semaine le premier tour de l’élection présidentielle, à la demande d’un candidat blessé lors d’une manifestation de l’opposition.
Alors que les manifestations se poursuivent et que le sortant Andry Rajoelina bat la campagne seul, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) de Madagascar a annoncé jeudi 12 octobre le report du premier tour de l’élection présidentielle. Celui-ci, qui devait se tenir le 9 novembre prochain, sera décalé d’une semaine et organisé le 16 novembre. En revanche, le second tour, prévu le 20 décembre, est maintenu à la date initiale.
Cette décision fait suite à une requête déposée par le candidat Andry Raobelina, président du parti Agir, rénover, bâtir (ARB). Blessé au visage par les forces de l’ordre lors d’une manifestation du Collectif des candidats, samedi 7 octobre, l’opposant au président sortant suivrait actuellement des soins à l’étranger et affirme donc être dans l’incapacité de faire campagne, ce que la HCC a reconnu et pris en compte « dans le souci de faire respecter l’esprit de la Constitution ».
Pagaille au Sénat
Depuis le début du mois, les marches de l’opposition s’enchaînent, drainant chaque jour des manifestants de plus en plus nombreux. Outre la disqualification de Rajoelina, les candidats demandent une nouvelle composition de la commission électorale, une cour spéciale pour examiner les résultats des élections et un gouvernement de transition.
Au-delà du cas d’Andry Raobelina, la HCC doit aussi statuer sur une autre requête épineuse, émanant de Herimanana Razafimahefa. Dans une lettre adressée à la cour le 10 octobre, celui-ci réclame en effet de pouvoir exercer l’intérim du chef de l’État – lequel a démissionné de son poste pour mener sa campagne – en sa qualité de président du Sénat et conformément à la constitution.
Herimanana Razafimahefa avait affirmé le 9 octobre avoir subi des menaces de mort et avoir dû, sous la contrainte, laisser le champ libre à un intérim mené par le Premier ministre Christian Ntsay. Il se dit aujourd’hui décidé à « prendre ses responsabilités pour sauver le pays ». Seulement, depuis le dépôt de sa requête devant la HCC, Herimanana Razafimahefa a été démis de sa fonction de président du Sénat.
Des institutions très critiquées
Le 11 octobre, les sénateurs de la majorité ont remis en cause la « santé mentale » de leur président. Et, le lendemain, une session extraordinaire s’est tenue au Sénat, durant laquelle les membres de la Chambre haute ont voté pour sa destitution. Une sanction pour avoir trahi le camp Rajoelina ? Son successeur doit être désigné le 13 décembre. Mais les critiques se multiplient d’ores et déjà pour dénoncer un Sénat aux ordres du pouvoir.
Nombre de sénateurs ont en effet été nommés par Andry Rajoelina, à l’instar du général Richard Ravalomanana. Placé au Sénat au mois de septembre et intronisé ce jeudi 12 octobre, alors même que Herimanana Razafimahefa était destitué, il y est pressenti pour le poste de président et pour reprendre en main l’institution, à quelques semaines d’une présidentielle qui s’annonce mouvementée.
La HCC est elle aussi blâmée par l’opposition pour son manque d’indépendance. Plusieurs fois sollicitée pour statuer sur la double-nationalité de Andry Rajoelina – dont ses détracteurs affirment qu’elle devrait l’empêcher de se présenter à la magistrature suprême –, l’institution et ses neuf juges ont jusqu’ici rejeté toutes les plaintes.
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