Accord migratoire : Bruxelles veut avancer avec la Tunisie malgré les « obstacles »

Après que le président Kaïs Saied a déclaré le 2 octobre qu’il refusait l’« aumône » de Bruxelles, la Commission européenne indique à nouveau aujourd’hui qu’elle souhaite toujours faire aboutir les discussions.

Le président tunisien Kaïed Saïed (à dr.), à Sfax (sud), en Tunisie, en juin 2023. © Mohamed Hammi/Sipa Press.

Le président tunisien Kaïed Saïed (à dr.), à Sfax (sud), en Tunisie, en juin 2023. © Mohamed Hammi/Sipa Press.

Publié le 12 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

La Commission européenne a affirmé le 12 octobre sa volonté de poursuivre les discussions avec les autorités tunisiennes pour la mise en œuvre d’un partenariat migratoire malgré les « obstacles » et une querelle avec Tunis sur des fonds européens. Le gouvernement tunisien a restitué à l’Union européenne (UE) une aide budgétaire de 60 millions d’euros qui lui avait été versée par Bruxelles, dans une démarche inédite de la part d’un pays partenaire, selon la Commission.

Le président tunisien Kaïs Saied avait affirmé la veille au soir que cette somme avait été versée par l’UE « sans que les autorités tunisiennes n’en aient été informées au préalable ». « Cette méthode porte atteinte à notre dignité », a-t-il dit pour expliquer la restitution. Les fonds étaient prévus dans le cadre d’un programme d’aide à la relance post-Covid, sans lien avec ceux du protocole d’accord signé en juillet entre l’UE et la Tunisie et qui porte notamment sur une coopération en matière migratoire.

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Kaïs Saied avait dès le 2 octobre déclaré rejeter la « charité » de l’UE. Quelques jours plus tard, le commissaire européen à l’Élargissement, Oliver Varhelyi, avait souligné que la somme de 60 millions d’euros avait pourtant été sollicitée par la Tunisie le 31 août, et que ce pays était libre de rendre l’argent. « La mise en œuvre du protocole d’accord devrait se poursuivre une fois la Tunisie revenue à l’esprit de notre partenariat stratégique et global basé sur le respect mutuel », avait aussi cinglé le commissaire hongrois.

« Un effort à long terme »

Le porte-parole de la Commission européenne Eric Mamer a reconnu le 12 octobre que la mise en œuvre de ce protocole d’accord avait « encore du chemin à faire ». Mais il « est très important, pour la Tunisie et pour l’Union européenne. C’est un effort à long terme. Oui, il va y avoir des obstacles, parfois importants, sur la route », a-t-il concédé. « Mais la Commission continue et continuera à travailler à sa mise en œuvre avec les autorités tunisiennes », a-t-il assuré.

Ce partenariat en plusieurs volets, destiné notamment à faire baisser les arrivées dans l’UE de migrants depuis la Tunisie, prévoit une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, ainsi qu’une aide budgétaire directe de 150 millions d’euros, alors que le pays est confronté à de graves difficultés économiques.

L’UE a indiqué avoir, dans le cadre de ce protocole d’accord, signé deux contrats, l’un de 13 millions d’euros avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’autre de 8 millions d’euros avec l’Agence des nations unies pour les réfugiés (HCR). Ces contrats sont destinés à assurer la protection des migrants en Tunisie, mais aussi à accroître les « retours volontaires » de ces migrants vers leurs pays d’origine.

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Ce partenariat UE-Tunisie est l’objet de controverses, liées notamment à des inquiétudes sur les atteintes aux droits des migrants dans ce pays. Mardi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a rapporté que plus de cent migrants africains interceptés en mer par la garde nationale tunisienne avaient été « expulsés vers l’Algérie » à la mi-septembre, et laissés « sans nourriture ni eau ».

(avec AFP)

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