En Algérie, la position de Ferhat Mehenni sur le conflit Israël-Hamas ne passe pas
« Je suis kabyle mais Ferhat Mehenni ne me représente pas. » Ce slogan est, depuis cinq jours, fortement relayé sur les réseaux sociaux en Algérie, à la suite des déclarations du leader du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie à propos de la guerre entre Israël et le Hamas.
À contre-courant de la position des autorités algériennes et des messages postés par les simples citoyens sur les réseaux sociaux, qui soutiennent presque unanimement l’offensive lancée le 7 octobre par le Hamas, Ferhat Mehenni, chef du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) a surpris en qualifiant, le 8 octobre, l’attaque d’ « opération terroriste barbare » et en exprimant la solidarité de la région kabyle avec Israël.
Le leader du MAK a également appelé la communauté internationale à sanctionner l’Algérie, écrivant sur X que « ceux qui financent ces crimes contre l’humanité comme l’Iran et l’Algérie doivent être condamnés par tous les pays mobilisés contre la violence terroriste. »
Politique du « double standard »
Mercredi 11 octobre, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, a de son côté fustigé la politique du « double standard » appliquée par la communauté internationale concernant la cause palestinienne lors de son discours prononcé pendant la réunion d’urgence des diplomates de la Ligue arabe. « L’occupation sioniste, a-t-il ajouté, pensait à tort que le peuple palestinien était impuissant et qu’il avait baissé les bras. Nos cœurs sont brisés de tristesse, de douleur et de chagrin face aux crimes commis contre les civils palestiniens et face à certaines positions internationales qui refusent de rendre justice à ce peuple. »
En Algérie, le slogan « Je suis kabyle mais Ferhat Mehenni ne me représente pas » fleurit sur les réseaux sociaux. Les partis et les personnalités politiques, ainsi que le mouvement associatif, affichent un soutien total à Gaza, s’alignant sur les déclarations des autorités. Lesquelles n’ont jusqu’à présent pas jugé bon de réagir aux propos de Ferhat Mehenni.
Mandat d’arrêt
Sous le coup d’un mandat d’arrêt délivré par la justice algérienne, le leader du MAK vit aujourd’hui en exil, d’où il ne cesse de dénoncer l’oppression du pouvoir algérien contre la minorité kabyle. Tout comme il l’avait fait à l’ONU, le 26 mai 2009, devant l’instance permanente des peuples autochtones. À Paris, un an plus tard, il proclamait un « gouvernement provisoire kabyle », l’Anavad, qu’il préside depuis.
En mai 2021, les autorités algériennes ont classé le MAK, désormais basé à Paris, comme « organisation terroriste ». Né dans le sillage du « printemps berbère » de 2001, le MAK est accusé par Alger d’avoir des visées « séparatistes » et de se faire le porte-voix du « racisme anti-arabe ». Ses militants encourent la réclusion à perpétuité, en vertu de l’article du code pénal qui punit « tous les Algériens qui activent et s’enrôlent à l’étranger dans une association, groupe ou organisation terroriste ou subversifs » et dont les activités « nuisent aux intérêts de l’Algérie ».
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