Israël-Palestine : intense activité diplomatique, l’aide s’organise

Visite du président Biden en Israël, départ de l’aide humanitaire vers Rafah : les soutiens se pressent dans la région alors que l’Iran menace d’une « action préventive » si l’offensive terrestre israélienne a bien lieu.

Un avion cargo de la compagnie Emirates chargé d’aide pour la bande de Gaza à l’aéroport de Dubaï avant de s’envoler vers la ville frontalière entre l’Égypte et la bande de Gaza, El-Arish, dans le nord de la péninsule du Sinaï, le 17 octobre 2023. © Karim SAHIB / AFP

Un avion cargo de la compagnie Emirates chargé d’aide pour la bande de Gaza à l’aéroport de Dubaï avant de s’envoler vers la ville frontalière entre l’Égypte et la bande de Gaza, El-Arish, dans le nord de la péninsule du Sinaï, le 17 octobre 2023. © Karim SAHIB / AFP

Publié le 17 octobre 2023 Lecture : 4 minutes.

Le président américain Joe Biden se rendra le 18 octobre en Israël pour une visite de « solidarité » après l’attaque du Hamas du 7 octobre. Le président américain entend aussi débloquer l’acheminement de l’aide vers la bande de Gaza, assiégée depuis plus d’une semaine par l’armée israélienne, et où une catastrophe humanitaire se profile selon l’OMS.

La visite a été annoncée par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, à l’issue d’une nuit d’entretiens à Tel-Aviv avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Et ce alors que l’Iran a menacé d’une possible « action préventive » contre Israël si le pays maintient son projet d’offensive terrestre contre l’organisation islamiste dans la bande de Gaza.

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« Ce dont Israël a besoin pour se défendre »

Joe Biden rencontrera aussi le président égyptien, le roi de Jordanie et le chef de l’Autorité palestinienne à Amman, a annoncé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby. Une intense activité diplomatique internationale se poursuit pour tenter d’éviter que le conflit, déclenché par l’attaque sanglante du Hamas, n’embrase la région.

« La possibilité d’une action préventive de l’axe de la résistance est attendue dans les prochaines heures », a averti le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en employant une appellation informelle des États et organisations ennemis d’Israël et des Occidentaux. Plus tôt dans la journée, le ministre iranien avait affirmé que l’ « axe de la résistance » ne permettrait pas à l’État hébreu « de faire ce qu’il veut à Gaza ».

Le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus a déclaré qu’il ne savait pas si la visite du président américain pouvait remettre en cause la date de l’offensive terrestre contre le Hamas, qui dirige l’enclave depuis 2007. « Je ne pense pas que cette visite vise à l’empêcher », mais plutôt « à s’assurer qu’Israël a tout ce dont il a besoin pour se défendre », a-t-il ajouté.

Garanties israéliennes

Selon l’édition du 16 octobre du Wall Street Journal, l’armée américaine a sélectionné environ 2 000 membres de son personnel pour un éventuel déploiement en soutien à Israël, pour des missions de conseil et d’assistance médicale.

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Après son entretien avec le Premier ministre israélien, Antony Blinken a également annoncé que Washington avait obtenu des garanties de la part d’Israël concernant l’acheminement de l’aide humanitaire étrangère dans la bande de Gaza. « À notre demande, les États-Unis et Israël ont accepté d’élaborer un plan qui permettra à l’aide humanitaire des pays donateurs et des organisations multilatérales d’atteindre les civils de Gaza », a-t-il expliqué.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti lundi d’une « catastrophe » humanitaire imminente. « Il reste 24 heures d’eau, d’électricité et de carburant » à Gaza et si de l’aide n’y entre pas, les médecins n’auront plus qu’à « préparer les certificats de décès », a déclaré Ahmed Al-Mandhari, directeur de l’OMS pour la Méditerranée orientale basé au Caire.

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Résolutions

Le 16 octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté une résolution proposée par la Russie pour un « cessez-le-feu humanitaire ». Approuvée par cinq États membres du Conseil – dont la Russie et la Chine -, elle a été rejetée par quatre autres (États-Unis, Royaume-Uni, France et Japon) et six se sont abstenus, parmi lesquels le Brésil.

Les 15 États membres du Conseil devraient se prononcer sur une seconde résolution présentée par le Brésil, ce 17 octobre.

Le président russe Vladimir Poutine s’est aussi entretenu avec Netanyahu sur « des mesures prises par la Russie pour promouvoir la normalisation de la situation, empêcher une nouvelle escalade de la violence et prévenir une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza ».

Le chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, s’est entretenu par téléphone avec le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh sur la « possibilité » de libérer des otages qu’il détient depuis le 7 octobre.

Appels aux dons

Le 17 octobre au matin, les convois d’aide humanitaire stationnés à Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï égyptien, ont pris la route vers Rafah, poste-frontière avec Gaza bombardée par Israël, alors qu’un accord sur l’entrée de l’aide piétine depuis des jours, rapportent des humanitaires.

Des cargaisons d’aide humanitaire sont arrivées ces derniers jours par avion de différents pays et organisations internationales. L’Égypte a envoyé des dizaines de camions. Les appels aux dons se multiplient à travers le monde et l’Union européenne a déjà annoncé un pont humanitaire vers l’Égypte pour acheminer de l’aide aux 2,4 millions de Gazaouis, pour moitié des enfants.

Jusqu’ici, après quatre bombardements sur le terminal en dix jours de guerre entre Israël et le Hamas au pouvoir à Gaza, et le « siège complet » décrété par Israël, aucune aide n’a pu entrer dans la petite enclave déjà ravagée par les guerres et la pauvreté depuis des décennies.

Alors que Washington réclame à l’Égypte de laisser sortir les Américains de Gaza, Le Caire répond que personne ne sortira si l’aide n’entre pas. Le 17 octobre, les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et américain Joe Biden ont notamment évoqué l’aide à Gaza par téléphone, qualifiée de « priorité » par la présidence égyptienne. « On dirait qu’on s’approche d’un accord sur l’entrée de l’aide et la sortie des étrangers », affirme le responsable du Croissant-Rouge, lui-même en route pour Rafah.

Martin Griffiths, chargé des situations humanitaires d’urgence à l’ONU, est attendu mardi au Caire pour, a-t-il dit, « aider aux négociations » sur l’acheminement de l’aide à Gaza.

(Avec AFP)

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