Crise en Tunisie : les médiateurs tirent à boulets rouges sur Ennahdha
Les médiateurs de la crise politique tunisienne, dont le puissant syndicat UGTT, ont accusé, samedi, les islamistes au pouvoir, Ennahdha, d’avoir, par leurs « ambiguïtés », paralysé leurs efforts pour sortir de l’impasse provoquée par l’assassinat d’un opposant.
Les médiateurs de la crise politique tunisienne dont le puissant syndicat UGTT ont accusé samedi les islamistes au pouvoir, Ennahdha, d’avoir par leurs "ambiguïtés" paralysé leurs efforts pour sortir de l’impasse provoquée par l’assassinat d’un opposant.
Ennahdha a pourtant indiqué vendredi accepter la feuille de route proposée par les médiateurs de l’UGTT, du patronat Utica, de l’Ordre national des avocats et de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme.
"Nous considérons que le communiqué d’Ennahdha est ambigu et permet des manœuvres, des interprétations et des lectures diverses", a estimé lors d’une conférence de presse Houcine Abassi, secrétaire général du syndicat. "On ne peut accepter leur acceptation car la moitié de la feuille de route n’a pas fait l’objet d’une réponse précise" des islamistes, a-t-il ajouté.
"Nous tenons à notre initiative et nous allons œuvrer à la faire appliquer en nous appuyant sur nos propres forces et sur notre peuple avant tout", a souligné M. Abassi dont le syndicat entretient des relations délétères avec les islamistes.
Le mouvement Ennahda a dénoncé cette prise de position dans un communiqué réaffirmant son "acceptation de l’initiative" et appelant "à entamer un dialogue immédiat pour s’entendre sur les détails des différentes dimensions de la rédaction de la Constitution, le calendrier des élections et la formation gouvernement".
Les islamistes ont aussi souligné que la conférence de presse des médiateurs s’est concentrée sur la position d’Ennahda "sans s’arrêter sur la position du Front de salut national (FSN, coalition d’opposition) appelant à la dissolution immédiate pdu gouvernement".
Dans son communiqué vendredi, Ennahda évoque l’adoption de la Constitution "dans un délai ne dépassant pas trois semaines", des élections dans les six mois suivant la formation d’une commission électorale et la mise en place d’un nouveau gouvernement.
La feuille de route demande aux deux camps de se réunir pour "un dialogue national" avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh pour annoncer solennellement que le gouvernement dirigé par Ennahda sera remplacé sous trois semaines par un cabinet d’indépendants.
Parallèlement, l’Assemblée nationale constituante (ANC) doit en un mois à compter de cette annonce approuver une loi et une commission électorale, fixer le calendrier des scrutins à venir et adopter la Constitution dont l’élaboration est en panne depuis des mois.
L’opposition a jusqu’à présent réclamé sans succès la formation d’un gouvernement d’indépendants avant que le reste des contentieux fassent l’objet de pourparlers.
La vie politique et institutionnelle est paralysée par le bras de fer entre Ennahda et l’opposition depuis l’assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet.
Faute de Constitution et de loi électorale 23 mois après l’élection de l’ANC et deux ans et demi après la révolution de janvier 2011, la Tunisie est toujours privée d’institutions pérennes et de calendrier électoral.
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