Petits Français, vous serez tous mangés ! Par François Soudan
Cinquante ans après le premier sommet France-Afrique, Paris est dans l’incapacité de sortir de ses paradigmes postcoloniaux et de formuler une politique cohérente en Afrique. Se pose-t-on, à l’Élysée, les questions nécessaires ?
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 13 novembre 2023 Lecture : 6 minutes.
Mardi 13 novembre 1973, il y a cinquante ans. Une fine pluie mouille le pavé de Paris, et la station météo de Montsouris affiche un pâle 7 degrés. L’un après l’autre, six chefs d’État descendent de DS noires, accueillis au bas des marches de l’Élysée par un petit homme chauve aux allures de notaire de province, Jacques Foccart, secrétaire d’État aux Affaires africaines et malgaches, mais en réalité bien plus que cela, à la fois fabriquant de barbouzes, incubateur de présidents, gardien des secrets de la Françafrique et sorcier impitoyable jetant depuis sa case à fétiches de Luzarches des sorts dont les récalcitrants ne se relèvent pas. Houphouët, Senghor, Bokassa, Bongo, Lamizana, Diori : tous comptent leurs doigts après lui avoir serré la main, mais tous le suivent jusqu’au Salon des ambassadeurs, où les attend leur hôte.
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