Kenya : un « groupe terroriste » serait responsable de la fusillade qui a fait au moins 20 morts à Nairobi

Des hommes armés et masqués ont ouvert le feu samedi sur les clients et le personnel d’un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 20 personnes, en blessant des dizaines d’autres et prenant des otages. L’objectif de l’attaque n’est pas connu pour l’instant mais la police évoque un « groupe terroriste » responsable de l’attaque.

Un policier escorte des personnes qui quittent un centre commercial de Nairobi. © AFP

Un policier escorte des personnes qui quittent un centre commercial de Nairobi. © AFP

Publié le 21 septembre 2013 Lecture : 5 minutes.

Mis à jour le 21/09 à 17h50

Un commando masqué et armé a attaqué samedi un centre commercial de luxe à Nairobi, tuant au moins 20 personnes et faisant de nombreux otages parmi la foule des riches clients kényans et expatriés.

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Les assaillants, dont ne connait pas encore l’identité exacte, mais qui s’exprimaient en arabe ou en somali selon des témoins, ont fait irruption à la mi-journée dans le centre commercial "Westgate Mall".

Toujours bondé le week-end, l’endroit est régulièrement cité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaïda, tels les insurgés islamistes somaliens shebab.
Ils ont ouvert le feu à l’arme automatique et à la grenade sur la foule cosmopolite -Africains, Indiens et Occidentaux- des clients et le personnel du centre.

L’attaque est inédite dans la capitale kényane et pourrait être l’attentat le plus meurtrier depuis l’attaque-suicide d’al-Qaïda qui avait visé en août 1998 l’ambassade américaine de Nairobi et fait plus de 200 morts.

"Je peux annoncer que le nouveau bilan est d’environ 20 (morts), avec une cinquantaine de blessés", a déclaré dans l’après-midi à l’AFP le chef de la Croix-Rouge locale, Abbas Gullet, sur les lieux du drame.

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Familles terrifiées

Des unités d’élite de l’armée kényane ont été déployées en renfort des nombreux policiers déjà sur place pour évacuer les clients et employés piégés à l’intérieur du centre commercial, survolé par des hélicoptères de la police et de l’armée, a-t-on constaté.

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"A l’arrière du centre commercial, il y a 13 cadavres, à différents endroits. Mes collègues qui se trouvaient aux étages supérieurs disent qu’il y a plus de cadavres, mais j’en ai vu 13", a déclaré à l’AFP un haut gradé de la police sur place.

Les affrontements se poursuivaient vers 14H30 GMT, avec des tirs et rafales audibles autour de l’entrée du bâtiment de quatre étages, très probablement plein de familles faisant leurs courses au moment de l’attaque.

Une journaliste de l’AFP-TV a vu trois cadavres allongés à l’extérieur du centre et deux à l’intérieur. Des blessés en sang, des parents tenant leurs enfants dans les bras, apeurés et choqués, étaient évacués dans la précipitation.

Les forces de sécurité progressaient magasin après magasin pour évacuer les personnes prises au piège et tenter de déloger les hommes armés, masqués et vêtus de noir selon des témoins, qui détenaient au moins sept otages. "Ils ont sept otages, c’est confirmé", a déclaré à l’AFP un policier sur place. Mais le nombre d’otages pourrait sans doute être beaucoup plus élevé, vu la fréquentation au moment de l’attaque et l’étendue des lieux.

Un labyrinthe de boutiques

L’objectif de l’attaque n’est pas connu pour l’instant mais la police évoque un "groupe terroriste" responsable de l’attaque. Les médias kényans ont parlé de voleurs armés ou de "terroristes". Proche du siège local des Nations unies, ce centre commercial est régulièrement cité par les sociétés de sécurité comme une cible possible de groupes liés à Al-Qaida, tels les insurgés islamistes somaliens d’Al-Chebab, qui ont souvent menacé de mener des attaques sur le territoire kényan en raison du soutien militaire de Nairobi au gouvernement somalien.

Le "Westgate Mall" est un labyrinthe de boutiques en tout genre, où il est aisé de se cacher ou de se retrancher. Selon un témoin, les assaillants ont "exécuté" des clients et parlent une langue étrangère, peut-être l’arabe ou le somali.

Des hommes et des femmes terrifiés, certains tenant des enfants dans les bras, fuyaient la zone en courant, certains blessés. D’autres rampaient le long de murs pour éviter les balles perdues. Plusieurs voitures constellées d’impacts de balles étaient abandonnées çà et là.

De nombreux véhicules de police et des ambulances encerclaient le "Westgate Mall", où riches Kényans et expatriés aiment à venir pendant les week-end faire du shopping, flâner en famille ou se restaurer.

Ce centre commercial, ouvert en 2007, et proche du siège local des Nations unies, compte des restaurants, des cafés, des banques, un grand supermarché et un cinéma multiplexe qui attirent des milliers de personnes chaque jour.

Selon la journaliste de l’AFP-TV, des policiers et des gardes de sécurité tentaient de sécuriser le cinéma où d’autres otages pourraient être retenus, et au moins 20 personnes cachées dans un magasin de jouets situé à l’un des étages supérieurs ont été évacuées.

Le patron d’un magasin a témoigné qu’à un moment, "il semblait que les tireurs avaient pris le contrôle de l’ensemble du centre commercial". Sudjar Singh, qui travaille dans le centre, en a réchappé de justesse. "Les hommes armés ont tenté de me tirer dans la tête mais ils m’ont manqué. Au moins 50 personnes ont été touchées" par des balles, a-t-il déclaré à l’AFP.

"J’ai vu un petit garçon évacué sur un caddie, il devait avoir cinq ou six ans. Il avait l’air mort", a-t-il ajouté. Annette, une autre survivante, raconte avoir "vu trois des attaquants vêtus de noir, les visages masqués, et ils avaient de gros fusils".

Kenneth Kerich faisait ses courses lorsque l’attaque a commencé. "Soudain j’ai entendu des coups de feu et tout le monde s’est mis à courir. Je me suis allongé au sol. J’ai vu deux personnes tomber et saigner, je pense qu’elles ont été touchées par des balles", a-t-il dit. "Au départ nous pensions que c’était la police qui affrontait des voleurs. Mais nous n’avons pas pu nous enfuir avant que les policiers n’entrent (dans le centre commercial), tirent en l’air et nous disent de sortir", d’après M. Kerich.

La police a enjoint aux habitants de rester à l’écart. "Il y a un incident à Westgate et nous demandons instamment au public de rester à l’écart", a déclaré le chef de la police David Kimaiyo. "Nos agents (…) sont en train d’évacuer ceux qui sont à l’intérieur et ils recherchent les assaillants", avait-t-il ajouté.

"Nous avons réussi à mettre à l’abri un certain nombre de personnes. Nous demandons aux Kényans d’éviter cette zone (…)", a indiqué le ministère de l’Intérieur kényan via un message posté sur Twitter. Les insurgés somaliens shebab ont régulièrement menacé ces dernières années de mener des attaques sur le territoire kényan, en représailles au soutien militaire de Nairobi au gouvernement somalien.

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