En RDC, la Monusco vers un retrait « progressif et ordonné »

Longtemps évoqué, le désengagement accéléré de la force onusienne déployée au Congo est enfin envisagé par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Dans plusieurs pays d’Afrique, la présence des Casques bleus de l’ONU attise la colère des populations locales. © Damien Glez.

Dans plusieurs pays d’Afrique, la présence des Casques bleus de l’ONU attise la colère des populations locales. © Damien Glez.

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Publié le 17 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

C’est un serpent de mer qui ressurgissait régulièrement dans une actualité congolaise agitée. Le maintien de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) était-il justifié, alors que de nombreuses voix semblaient s’y opposer ? La crispation s’était accentuée au tournant de l’été 2022, et, en juillet, ce sont des violences qui éclataient, à l’est de la RDC, entre des manifestants et la force onusienne, notamment à Goma, Butembo, Beni et Nyamilima.

Bien que l’objectif de la Monusco soit notamment la protection des civils, une trentaine de Congolais et quatre Casques bleus étaient tués en une semaine. À l’automne, les officiels avaient donc embouché la même trompette que les manifestants, et sonné un départ à l’horizon 2024.

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Mais le 20 septembre dernier, à la tribune solennelle de l’ONU, le président congolais a insisté sur sa volonté de voir un retrait « accéléré » des 15 000 Casques bleus de son pays à partir de la fin de 2023, soit un an plus tôt que prévu. Il a ensuite instruit son gouvernement d’entamer des discussions avec l’ONU…

Réélection et impopularité

Après avoir « pris acte » officiellement des requêtes de Kinshasa, c’est donc ce 16 octobre que le Conseil de sécurité a accepté de considérer « d’un commun accord » le retrait graduel mais accéléré de sa force onusienne déployée en RDC. Si les discussions devraient prendre un certain temps et le retrait s’avérer « progressif et ordonné », l’ambassadeur congolais a tout de même considéré que cette prédisposition devrait permettre de réduire les tensions entre la population locale et la Monusco.

Dans ce dossier, chacun devait sauver sa face. Félix Tshisekedi est en campagne pour sa réélection, en décembre prochain, et ne saurait rester sourd aux appels de foules congolaises remontées. Quant aux Nations unies, si elles doivent éviter des retraits précipités tout à la fois synonymes d’humiliation et d’insécurité, elles ont conscience de l’impopularité de leurs missions dans plusieurs pays du continent.

Le 15 octobre, l’armée sud-africaine annonçait le rappel de près d’une dizaine de Casques bleus soupçonnés d’avoir entretenu un système de prostitution aux alentours de leur base congolaise. En Afrique de l’Ouest, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) vient d’entamer le processus de retrait de ses camps dans la région de Kidal, en commençant par Tessalit et Aguelhok. En mars, c’est sous certaines critiques que le Conseil de sécurité décidait de proroger d’un an le mandat de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss).

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Visée par des campagnes de désinformation, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) devra décider du renouvellement de son mandat d’ici au 15 novembre. Dans le même temps, l’exécutif congolais et les services de l’ONU devraient, comme le Conseil de sécurité les a encouragés à le faire, présenter un plan de « désengagement progressif et ordonné » de la Monusco.

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