Mahamadou Issoufou : « Il n’y a jamais eu de contentieux avec Mohamed Bazoum »

À la suite de la publication de notre article intitulé « Pourquoi l’opération française “il faut sauver le soldat Bazoum” a été abandonnée », l’ancien président du Niger nous a saisis afin de dénoncer des « mensonges » et des « contrevérités ». Sans lever pour autant les doutes qui pèsent sur son rôle lors du coup d’État.

L’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, le 13 janvier 2016, à Niamey. © Vincent Fournier/JA

L’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, le 13 janvier 2016, à Niamey. © Vincent Fournier/JA

Publié le 17 octobre 2023 Lecture : 3 minutes.

S’estimant mis en cause par la publication en date du 5 octobre d’un article intitulé « Pourquoi l’opération française « il faut sauver le soldat Bazoum » a été abandonnée », dans lequel son rôle lors du coup d’État du 26 juillet 2023 a été évoqué, l’ancien président Mahamadou Issoufou a réagi via une mise au point signée du secrétaire exécutif par intérim de sa fondation, Ibrahim Weifane. Nous en publions ci-dessous les passages relatifs aux faits et jugements contenus dans cet article.

« Vos sources d’informations, pour des raisons qui leur sont propres, vous induisent en erreur en distillant des mensonges selon lesquels Issoufou aurait été « complice » ou même « commanditaire » des événements du 26 juillet 2023. D’ailleurs votre article précise que ces accusations ne sont basées sur aucune preuve. Aussi, contrairement aux allégations dénuées de tout fondement contenues de votre article :

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1. Issoufou Mahamadou, ancien président de la République du Niger, n’a jamais demandé au président Mohamed Bazoum de refuser une intervention militaire.

2. Issoufou Mahamadou n’a eu aucun contact avec les numéros 2 de la Garde nationale et de la Gendarmerie nationale relativement aux événements du 26 juillet 2023.

3. L’ancien ministre du Pétrole Mahamane Sani Mahamadou, dit Abba Issoufou, n’avait eu également aucun contact avec le Haut commandant de la Garde nationale jusqu’à vouloir « convaincre à genoux les officiers loyalistes de tout faire pour éviter le massacre du président, de sa femme et de son fils ».

Du reste, ces contrevérités sont répandues à dessein par des milieux bien connus qui n’ont pour seul objectif que de détruire la grande réputation dont jouit le président Issoufou de par le monde.

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Aussi, est-il besoin de souligner qu’il n’y a jamais eu de contentieux de quel genre que ce soit entre Issoufou Mahamadou et son successeur Mohamed Bazoum. Homme de paix, l’ancien président Issoufou Mahamadou, médiateur dans plusieurs crises de la sous-région, plaide pour une sortie de crise négociée et rejette toute intervention militaire extérieure contre son pays. »

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Ce démenti appelle, de notre part, les commentaires suivants :

1. L’information concernant l’opposition de l’ex-président Issoufou à toute intervention militaire susceptible de rétablir son successeur au pouvoir – et cela, dès le 26 juillet – ainsi que l’intervention de son fils (et ancien ministre du Pétrole) Abba visant à dissuader une contre-attaque de la part des forces demeurées loyalistes, nous a été confirmée par plusieurs témoins (y compris oculaires en ce qui concerne Abba). Ainsi que par plusieurs ambassadeurs européens qui ont eu à s’entretenir les 26 et 27 juillet avec Mahamadou Issoufou et auprès desquels ce dernier a évoqué les contours d’une transition.

2. Le président Bazoum est désormais absolument convaincu de la responsabilité directe de son prédécesseur dans le coup d’État. Il estime « sur l’honneur » que ce dernier a commandité le général Abdourahamane Tiani, et les deux hommes, qui ont un moment échangé des banalités dans les jours qui ont suivi le putsch, ne se parlent plus. C’est la même garde présidentielle qui, aujourd’hui, séquestre Bazoum et protège Issoufou.

3. L’ex-président Issoufou se dit l’objet de « mensonges » et de « contrevérités ». Ainsi que nous l’avons écrit, il n’existe en effet aucune preuve tangible de son implication personnelle dans le coup d’État. Mais le meilleur moyen pour éteindre ce qui ressemble fort à un faisceau de présomption ne serait-il pas qu’il condamne enfin cet acte anticonstitutionnel et antidémocratique ? Or, il ne l’a toujours pas fait, pas plus qu’il ne s’est battu pour que ce putsch échoue.

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