Syrie : John Kerry tente d’obtenir le soutien des pays arabes

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, poursuit dimanche en Europe son offensive diplomatique pour vanter les mérites de frappes contre la Syrie accusée d’avoir perpétré un massacre chimique, Washington et Paris se targuant d’un soutien international élargi.

John Kerry et Laurent Fabius lors d’une conférence de presse à Paris le 7 septembre 2013. © AFP

John Kerry et Laurent Fabius lors d’une conférence de presse à Paris le 7 septembre 2013. © AFP

Publié le 8 septembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Avant le vote dans les prochains jours du Congrès américain et la publication d’un rapport de l’ONU sur l’attaque aux armes chimiques du 21 août, M. Kerry doit rencontrer dans la matinée à Paris des ministres de pays arabes, dont certains exigent une action militaire contre Damas au moment où les combats continuent entre rebelles et fidèles du régime de Bachar al-Assad.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la rébellion a pris dans la nuit le contrôle de Maaloula, une des plus célèbres localités chrétiennes de Syrie, où des affrontements étaient en cours depuis mercredi.

la suite après cette publicité

Dimanche à Paris, le chef de la diplomatie américaine, qui a téléphoné en deux semaines à des dizaines de ses homologues dans le monde, rencontrera les ministres égyptien et saoudien des Affaires étrangères et des représentants de la Ligue arabe. Il s’exprimera en milieu d’après-midi, avant de se rendre à Londres.

Samedi soir à Paris, au côté du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, M. Kerry a affiché sa détermination pour "sanctionner" militairement le régime syrien. Les deux ministres se sont dits assurés d’un soutien international "large et grandissant" au projet américano-français d’une opération armée "courte et ciblée". "C’est notre Munich à nous!", a lancé, en français, M. Kerry, dans l’espoir de convaincre des opinions publiques réticentes, voire hostiles, en France et aux Etats-Unis.

Dans l’attente du vote du Congrès américain

Paris et Washington, qui s’étaient durement opposés en 2003 sur l’Irak, affirment d’une même voix qu’une action armée contre la Syrie ne ressemblera en rien aux interventions en Irak, en Afghanistan ou même au Kosovo ou en Libye. Mais "les Etats-Unis (…) ne peuvent laisser un dictateur se servir impunément des armes les plus effroyables", a prévenu M. Kerry.

la suite après cette publicité

Avec l’objectif de "punir" Damas pour s’être servi d’armes chimiques et le "dissuader" de recommencer, les Etats-Unis et la France assurent avoir engrangé de plus en plus d’appuis politiques dans le monde.

M. Fabius s’est félicité que "sept des huit pays du G8" et "12 pays du G20 (…) partagent notre analyse sur une réaction forte", en parlant aussi des soutiens des 28 de l’Union européenne et du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

la suite après cette publicité

Ce groupe régional (Bahreïn, Koweït, Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Arabie saoudite) a exhorté la communauté internationale à intervenir immédiatement en Syrie pour "délivrer" le peuple syrien de la "tyrannie". Certains de ces pays fournissent des armes à la rébellion.

Encore plus affirmatif que M. Fabius, M. Kerry s’est vanté qu’un "un nombre de pays à deux chiffres", qu’il n’a pas nommés, soient "préparés à prendre part à une action militaire".

Toutefois, l’UE et les 12 pays du G20 se sont bien gardés de parler d’opération armée, exprimant dans une formule vague leur volonté d’apporter "une réponse claire et forte" à la Syrie. Et deux Etats de l’UE — la Suède et la Pologne — ont prévenu que la crise syrienne risquait de durer "des décennies".

Rapport de L’ONU

Le secrétaire d’Etat américain doit regagner Washington lundi, après une étape à Londres pour voir dimanche soir le président palestinien Mahmoud Abbas et lundi matin le chef de la diplomatie britannique, William Hague.

Ce même jour, le Congrès américain doit siéger après les vacances parlementaires et donner ou non dans les prochains jours son feu vert aux frappes, comme l’avait décidé le week-end dernier le président Obama. L’issue du vote est très incertaine, notamment à la Chambre des représentants Le président américain doit s’adresser mardi à la Nation.

Son homologue français François Hollande a aussi promis de s’adresser à son opinion, mais après le vote du Congrès et la remise du "rapport des inspecteurs" de l’ONU qui ont enquêté fin août.

Aux yeux de la plupart des Etats de l’UE, ce rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d’attaques aux gaz toxiques.

M. Hollande s’est engagé à attendre ce document avant d’agir éventuellement militairement. Pour M. Kerry en revanche, les Etats-Unis n’attendront pas s’ils doivent frapper. Une éventuelle opération armée se ferait sans troupes au sol, mais via des tirs de missiles de croisière.

Pour tenter de convaincre une majorité d’Américains qui ne veulent pas d’une nouvelle aventure militaire au Moyen-Orient, CNN a diffusé ce week-end des vidéos de corps frappés de convulsions ou d’enfants morts qui seraient des victimes des attaques à l’arme chimique du 21 août.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires