Guerre Israël-Hamas : Joe Biden assure qu’une roquette du Jihad islamique a frappé l’hôpital de Gaza
En visite à Tel-Aviv, le président américain a fait sienne la version israélienne sur le bombardement de l’hôpital al-Ahli Arabi. Il a par ailleurs annoncé l’entrée de camions d’aide humanitaire à Gaza depuis l’Égypte.
Au cours de sa visite en Israël le 18 octobre, Joe Biden a mis l’État hébreu hors de cause, après la frappe meurtrière contre un hôpital à Gaza qui a soulevé un vent de révolte au Moyen-Orient. Le président américain a également obtenu de son allié un feu vert pour l’aide humanitaire à Gaza.
Venu en personne soutenir Israël, frappé par l’attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas palestinien, Joe Biden a repris à son compte la version donnée par l’armée israélienne sur cette frappe, qui accuse le Jihad islamique, une autre organisation palestinienne. « Sur la base des informations que nous avons eues jusqu’à maintenant, il semble que (la frappe) soit le résultat d’une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza », a déclaré le président américain, qui assure avoir des éléments probants venant du Pentagone.
S’exprimant devant la presse, Joe Biden a également indiqué qu’Israël avait donné son feu vert à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, répondant ainsi à la demande des autorités américaines et de la communauté internationale. « Israël n’empêchera pas l’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il s’agit de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », a confirmé ensuite un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Israël a toutefois mis une condition. Cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas palestinien ne seront pas libérés. Le mouvement palestinien affirme détenir entre 200 et 250 otages, au moins 199, selon Israël. Leur libération est d’une « absolue priorité », a affirmé le président américain.
« Davantage de tragédie »
Joe Biden a assuré qu’il travaillerait avec Israël pour éviter « davantage de tragédie » aux civils, au douzième jour de la guerre, et alors que la situation dans la bande de gaza est « incontrôlable », selon l’Organisation mondiale de la santé. Les États-Unis ont mis leur veto le 18 octobre à une résolution du Conseil de sécurité qui appelait à une « pause humanitaire », Washington fustigeant un texte qui ne mentionnait pas le « droit d’Israël à se défendre ».
Des dizaines de camions remplis d’aide internationale attendent en Égypte depuis des jours de rentrer à Gaza au point de passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, mais qui restait fermé le 8 octobre au soir soir. Joe Biden a affirmé que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec lequel il venait de s’entretenir, avait « accepté » de « laisser jusqu’à 20 camions traverser » mais que cette aide ne pourrait vraisemblablement pas arriver avant le 20 octobre en raison de travaux à faire sur la route, détruite par les bombardements israéliens. Dans la foulée, l’Égypte a annoncé le passage « durable » de l’aide humanitaire par Rafah.
Cette aide devra être « conséquente », de l’ordre de 100 camions par jour, et devra être sécurisée, a expliqué Martin Griffiths, le chef des situations humanitaires d’urgence aux Nations unies. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé qu’il se rendrait en Israël le 19 octobre, ainsi que dans plusieurs autres capitales dans la région pour insister sur le déblocage de l’aide humanitaire et appeler à éviter une escalade de la guerre.
Polémique sur le nombre de morts
L’eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, privés aussi d’électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre au petit territoire de 362 km2, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
La frappe sur l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s’abritaient dans l’enceinte de l’établissement, assure le ministère de la Santé du territoire palestinien. Probablement beaucoup moins, a toutefois souligné un haut-responsable européen du renseignement.
« Il n’y a pas 200 voire 500 morts, mais plutôt quelques dizaines, probablement entre 10 et 50 », a affirmé cette source sous couvert de l’anonymat, estimant par ailleurs qu’ « Israël n’a probablement pas fait ça », d’après les « pistes sérieuses » de renseignement dont ses services disposent.
Israël a affirmé de son côté avoir des « preuves » de la responsabilité du Jihad islamique dans la frappe sur l’hôpital. « Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l’explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d’une roquette du Jihad islamique ayant échoué », a déclaré le porte-parole de l’armée Daniel Hagari.
« Énorme boule de feu »
Selon le Jihad islamique, un groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, c’est une bombe larguée par un avion de l’armée israélienne qui a causé la tragédie. Dans une vidéo authentifiée par l’AFP, on voit des flammes s’élever dans la nuit de ce qui semble être la cour d’un bâtiment. Dans l’enceinte de l’hôpital Ahli Arab, un photographe de l’AFP a vu des véhicules carbonisés, des débris jonchant le sol et une ambulance détruite avec le nom de l’hôpital.
« J’ai vu une énorme boule de feu, l’endroit entier était en feu, des cadavres étaient projetés partout, des enfants, des femmes et des personnes âgées », raconte Adnan al-Nagah, 37 ans, qui s’était abrité avec sa famille dans l’hôpital et a échappé de peu à la mort.
Des milliers de personnes ont manifesté en soutien aux Palestiniens au Caire, près de l’ambassade d’Israël à Amman, et à Tunis devant l’ambassade de France, l’un des pays accusés d’être des « alliés des sionistes » dans cette guerre. Des Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, aux cris de « Libérez, libérez la Palestine ».
La tension est forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, ainsi qu’en Cisjordanie où au moins 61 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.
(Avec AFP)
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