En RDC, le TP Mazembe victime du match Katumbi-Tshisekedi ?
Ce 22 octobre, le TP Mazembe n’affrontera pas l’Espérance Tunis dans son stade de Lubumbashi mais recevra son adversaire… en Tanzanie. Le club de Moïse Katumbi accuse le gouvernement congolais de chercher à lui nuire.
La Ligue africaine de football, la nouvelle compétition organisée par la Confédération africaine de football (CAF), n’a pas encore débuté qu’elle est déjà entachée par une première polémique. L’instance continentale, cette fois-ci, n’y est pour rien. Mais elle a dû délocaliser à Dar Es‑Salaam le match entre le TP Mazembe de l’opposant congolais Moïse Katumbi et l’Espérance sportive de Tunis, initialement programmé le samedi 21 octobre au stade de Kamalondo, à Lubumbashi – le match retour étant prévu le 25 à Tunis.
Cette affiche fait partie, avec Simba SC (Tanzanie)‑Al‑Ahly (Égypte), Atlético Petróleos de Luanda (Angola)‑Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud) et Enyimba Aba (Nigeria)‑WAC Casablanca (Maroc), du programme des quarts de finale de cette compétition concernant huit clubs pour sa prochaine édition, avant de passer à un format élargi avec vingt-quatre participants. Toutes les équipes pourront donc jouer à domicile, sauf, donc, les Corbeaux de Lubumbashi.
Le TP Mazembe multiplie les accusations…
Pour Frédéric Kitengie, leur secrétaire général, la faute en incombe au gouvernement congolais. « La CAF a été contrainte de délocaliser le match en Tanzanie, le 15 octobre. Car le gouvernement a tardé a délivré la soixantaine de visas pour les invités de la Confédération. Il y a eu des lenteurs au niveau du ministère des Affaires étrangères, du ministère des Sports et de la Fédération congolaise de football (Fecofa). Nous avons été informés que les visas avaient été établis après la décision de la CAF de faire jouer le match en Tanzanie. »
Cette délocalisation a également contraint la CAF à décaler du 21 au 22 octobre le match entre les Corbeaux et les Sang et Or tunisois. Le stade Benjamin‑Mpaka doit en effet accueillir le match entre Simba SC et Al-Ahly le samedi 21, et l’instance a préféré, visiblement à la demande du gestionnaire de l’enceinte, repousser de 24 heures le choc entre le TP Mazembe et l’Espérance. Pour Frédéric Kitengie, « l’attitude du gouvernement est uniquement motivée pour des raisons politiques, bien qu’il prétende le contraire. »
« Si ce n’est pas le cas, alors qu’il nous en apporte la preuve. Je rappelle que l’État congolais aide tous les clubs du pays, pour leurs déplacements à l’étranger. Tous, sauf le Tout Puissant ! Depuis qu’il est ministre des Finances, Nicolas Kazadi a rayé le club de la liste ». Moïse Katumbi, le président du TP Mazembe – « surpris et en colère » selon plusieurs sources –, ne s’est pas exprimé sur ce dossier. Et rien n’indique que le président du quintuple vainqueur de la Ligue des champions africaine, candidat à la prochaine présidentielle en RDC, le fera prochainement.
… et le gouvernement conteste
La polémique entre le club katangais et le gouvernement a également porté sur le matériel de production nécessaire à la retransmission du match. « L’organisateur, c’est-à-dire la CAF, devait utiliser du matériel (appartenant à la société Medialusco, ndlr) ayant servi pour les derniers Jeux de la francophonie organisés à Kinshasa et qui est toujours stocké à l’aéroport de Ndjili », explique encore Frédéric Kitengie.
« Quand elle a compris qu’elle ne pourrait pas l’utiliser, alors que les demandes avaient été faites en amont, du nouveau matériel a été acheminé à Lubumbashi le 14 octobre par un vol d’Ethiopian Airlines. Les techniciens devaient arriver le 17. Mais le match a été délocalisé le 15 ! Le TP Mazembe avait pourtant fait les démarches par voie électronique et informé la Fédération, sachant que le ministère des Sports était aussi en copie. Le gouvernement n’a donc pas fait son travail », conclut le secrétaire général du club.
Patrick Muyaya, porte‑parole du gouvernement, a rejeté en bloc ces accusations lors d’un briefing retransmis à la télévision le 16 octobre : « Le président est le premier sportif congolais, et suit de près tout ce qui concerne le sport. Le gouvernement prend en charge les déplacements, quelle que soit la nature des propriétaires des clubs. Pourquoi le gouvernement se mettrait à combattre une équipe, alors que nous favorisons la promotion de la jeunesse à travers le sport ? Nous ne faisons pas de politique lorsqu’il s’agit de sport. »
Et à propos de la question du matériel, Patrick Muyaya a affirmé que le gouvernement avait été informé trop tardivement. Contacté par Jeune Afrique, le porte-parole du gouvernement n’a pas donné suite, refusant sans doute de s’exprimer davantage. La Confédération africaine de football nous a quant à elle fait savoir par Luxolo September, son directeur de la communication, qu’elle n’avait « aucun commentaire à faire, laissant au TP Mazembe le soin de s’en charger. »
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