Attaque chimique en Syrie : une représentante de l’ONU à Damas

Régime syrien et rebelles s’accusent d’être à l’origine du massacre par armes chimiques qui a fait plusieurs centaines de morts le 21 août, dans une banlieue proche de Damas. Un émissaire américain a été dépêché à Damas, samedi 24 août, pour accélérer l’enquête.

Photo de l’opposition syrienne montrant des cadavres d’enfants morts. © AFP

Photo de l’opposition syrienne montrant des cadavres d’enfants morts. © AFP

Publié le 24 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Après la Russie, l’Iran, l’autre allié du président syrien Bachar al-Assad, a mis en garde contre une intervention militaire étrangère en Syrie, après avoir lui aussi accusé les rebelles d’avoir recours à des armes chimiques dans les combats mercredi dans la région de Damas. Face à la multiplication des accusations et dans l’attente d’une enquête de vérification de l’ONU sur place, le président américain Barack Obama a réuni son équipe de sécurité, un responsable parlant d"’une palette d’options sur la table".

Samedi, les autorités syriennes ont accusé les rebelles d’avoir eu recours à des gaz toxiques dans le quartier de Jobar à la périphérie de Damas, pour repousser une offensive de l’armée qui cherche à le reprendre. "Une unité de l’armée encercle un secteur de Jobar où les terroristes ont utilisé des armes chimiques", a indiqué la télévision d’Etat, en faisant état de plusieurs cas "d’asphyxie" parmi les soldats.

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Trois jours plus tôt, l’opposition a accusé le pouvoir d’avoir mené des attaques à l’arme chimique sur des secteurs tenus par les rebelles dans la banlieue de Damas, ce que le régime a démenti. L’opposition a fait état de plus de 1.000 morts mais une ONG syrienne a comptabilisé 170 morts dans une attaque du régime sans pouvoir confirmer un recours à l’arme chimique. Les accusations du régime ont coïncidé avec l’arrivée dans la capitale de la haute représentante de l’ONU pour le désarmement, Angela Kane, une semaine après l’arrivée d’une équipe de dix experts des Nations unies.

Déploiement de moyens militaires américains

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de l’ONU à Damas, Khaled al-Masri, s’est refusé à tout commentaire sur les détails de la visite de Mme Kane, chargée de négocier les modalités d’une enquête sur le recours présumé à des armes chimiques en Syrie.

Le mandat de la mission d’experts, dirigée par Aake Sellström, arrivée le 18 août à Damas, se limitait à déterminer si des armes chimiques avaient été utilisées plus tôt cette année dans d’autres villes du pays.

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Exemple du Kosovo?

Mais après les nouvelles allégations de l’opposition, la communauté internationale a demandé que ces experts puissent se rendre rapidement sur place pour les vérifier. Alors que M. Obama, sous pression pour agir, a mis en garde contre toute nouvelle opération militaire au Moyen-Orient, les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de moyens militaires dans la région permettant de fournir des "options" à M. Obama s’il ordonnait une intervention en Syrie.

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Selon un responsable du Pentagone, ces moyens comprennent l’envoi en Méditerranée d’un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière. Mais le ministre de la Défense Chuck Hagel a souligné que ces renforts ne signifiaient en rien qu’une décision d’intervention avait été prise. Dans ce contexte, les chefs d’état-major de pays occidentaux et musulmans dont ceux des Etats-Unis et d’Arabie saoudite doivent se réunir prochainement en Jordanie pour examiner les retombées du conflit.

Selon le New York Times, les autorités américaines pourraient s’inspirer des frappes aériennes lancées au dessus du Kosovo à la fin des années 1990 pour déclencher une action similaire en Syrie, sans mandat de l’ONU.

Divisions internationales

La France, qui soutient l’opposition comme les autres pays occidentaux, est revenue à la charge, son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius affirmant que "l’information que nous avons montre que ce massacre chimique est d’une telle gravité que, bien évidemment, celui-ci ne pourra pas rester sans réaction forte". Selon lui, "toutes les informations" convergent pour dire que le régime syrien était responsable.

Dans le camp opposé, l’Iran a mis en garde les Etats-Unis contre toute "intervention militaire" en Syrie, faisant état par ailleurs de "preuves" sur un recours des rebelles à l’arme chimique. "J’espère que les responsables de la Maison Blanche feront preuve de suffisamment de sagesse pour ne pas entrer dans un tel chaos dangereux", a prévenu la diplomatie iranienne.

La Russie avait dénoncé aussi une "provocation" des rebelles et jugé "inacceptables" "les appels de quelques capitales européennes à (…) décider dès maintenant de recourir à la force". Elle a néanmoins appelé le régime à coopérer avec les experts de l’ONU et réclamé aux rebelles de leur "garantir" l’accès aux lieux des attaques. L’opposition s’est engagée à le faire.

Déclenchée par une révolte populaire en mars 2011 qui s’est militarisée face à la répression du régime, la guerre en Syrie a fait plus de 100.000 morts selon l’ONU, et poussé à la fuite des millions de Syriens.

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