Tunisie : la crise s’enlise, l’UGTT hausse le ton
Le puissant syndicat UGTT a sommé jeudi les islamistes au pouvoir en Tunisie, mais aussi leurs détracteurs, de résoudre la crise politique déclenchée trois semaines plus tôt par l’assassinat d’un opposant, les deux camps persistants à rejeter leurs revendications respectives.
Le puissant syndicat UGTT a sommé jeudi les islamistes au pouvoir en Tunisie, mais aussi leurs détracteurs, de résoudre la crise politique déclenchée trois semaines plus tôt par l’assassinat d’un opposant, les deux camps persistants à rejeter leurs revendications respectives.
L’UGTT, forte de 500.000 membres et capable de paralyser le pays par des grèves, a appelé dans un communiqué "toutes les parties à plus d’interaction (…) à cesser de gaspiller du temps et à accélérer la quête d’une solution consensuelle".
La centrale syndicale a aussi souligné que les deux camps doivent "travailler pour enrayer la spirale de violence qui menace", l’essor de la mouvance salafiste ne cessant de déstabiliser le pays, d’autant que la Tunisie est aussi "menacée d’une catastrophe économique et sociale". L’UGTT, qui entretient des relations très crispées avec les islamistes d’Ennahda, a eu des mots particulièrement durs envers le pouvoir dénonçant sa "lenteur" à répondre "aux demandes populaires et politiques" comme il l’avait promis et l’accusant de "fuite en avant et de creuser la crise".
Ce réquisitoire intervient alors que des négociations entre le syndicat et le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, doivent avoir lieu lundi. Le dirigeant islamiste et l’opposition ont une nouvelle fois rejeté jeudi les revendications du camp d’en face, trois semaines après l’assassinat du député Mohamed Brahmi.
Selon M. Ghannouchi, le gouvernement apolitique et la dissolution de l’Assemblée nationale constituante (ANC) réclamés par la coalition d’opposition constituent "un danger pour le pays, le pousserait vers le vide, l’anarchie et achèverait l’expérience démocratique en Tunisie".
De leurs côtés, les opposants ont de nouveau exclu tout dialogue avec Ennahda tant qu’un tel gouvernement ne serait pas formé. L’hétéroclite coalition a aussi rejeté une fois de plus la proposition d’Ennahda d’un cabinet "d’union nationale" regroupant tous les partis politiques.
"Nous n’appelons pas à l’anarchie, nous prenons en compte le fait que notre pays est face au danger du terrorisme et de l’effondrement économique", a jugé Mongi Rahoui, député et figure en vue de la contestation. Il a assuré que "les protestations et les sit-in ne vont s’arrêter qu’en cas de (…) formation d’un gouvernement de salut national d’indépendant et formé sur des critères de compétences".
L’opposition a annoncé mardi le début d’une campagne "dégage" –mot d’ordre de la révolution de 2011– visant les autorités locales, et qui doit culminer avec la chute du gouvernement la semaine du 24 août. La coalition est parvenue à mobiliser des dizaines de milliers de personnes à Tunis les 6 et 13 août, mais la participation aux manifestations quotidiennes devant l’ANC s’est largement réduite depuis la fin du ramadan le 7 août.
L’UGTT s’est retrouvée à contrecœur dans le rôle de médiateur entre Ennahda et l’opposition après que le président de la Constituante a gelé le 6 août les travaux de l’Assemblée, et demandé à la centrale syndicale d’assumer son "rôle historique" en parrainant des pourparlers. Le syndicat a adopté pour sa part une position médiane en militant jusqu’à présent pour un gouvernement de technocrates et le maintien de l’ANC.
Le gouvernement actuel est accusé d’avoir failli sur le plan sécuritaire face à l’essor de la mouvance salafiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au cœur de la révolution de janvier 2011. Un premier cabinet dirigé par Ennahda avait déjà dû démissionner après l’assassinat d’un opposant en février.
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