Afrique du Sud : une dirigeante d’un syndicat proche de l’ANC tuée à Marikana

Une dirigeante locale du grand syndicat minier NUM a été tuée par balles, le 12 août, à la mine de Marikana, en Afrique du Sud. Un meurtre qui intervient près d’une année après la mort de 34 mineurs grévistes morts sous les balles des policiers, confirmant ainsi le climat de terreur qui règne désormais dans le milieu syndical sud-africain.  

Des mineurs sud-africains en grève à Marikana le 10 septembre 2012. © AFP

Des mineurs sud-africains en grève à Marikana le 10 septembre 2012. © AFP

Publié le 12 août 2013 Lecture : 2 minutes.

À la mine de Marikana, on continue à compter les morts. Une syndicaliste a encore été abattue, ce 12 août, devant chez elle. Elle était responsable localement du Syndicat national des mineurs (NUM).

Le NUM, proche du pouvoir, est opposé à l’Association des travailleurs des mines et de la construction (Amcu), une organisation dissidente qui a organisé le mouvement de 2012, et est désormais majoritaire au sein de à la mine. L’opposition entre les deux organisations prend souvent des allures de guerre des gangs.

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Le 16 août 2012, la police sud-africaine avait abattu 34 mineurs devant cette mine de platine exploitée par le groupe britannique Lonmin, faisant également 78 blessés.

Des affrontements avaient déjà fait 10 morts la semaine précédente. La grève de Marikana est finie depuis octobre 2012, mais intimidations, agressions et attaques entre syndicaux rivaux y sont quasi quotidiennes. On a dénombré une vingtaine de morts depuis un an.

Mbulelo Nqapo, l’un des responsables locaux du NUM, a ainsi été assassiné en juin devant son bureau, le corps criblé de onze balles. "Je suis la prochaine cible. Ils l’ont dit: après Mbulelo, le prochain sur la liste, c’est moi", assurait récemment son supérieur, le secrétaire de section Sisa Buyeye, se souvenant des menaces à répétitions proférées contre son collègue par des grévistes ayant rejoint les rangs de l’Acmu.

Climat de terreur

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Le corps en décomposition, pieds et poings liés, d’un membre de l’Amcu a également été retrouvé en juin près d’une mine du groupe Xstrata, dans la province voisine du Limpopo.

Dans ce climat de terreur, nombre de syndicalistes ont pris la fuite, ceux qui sont restés sur place refusant de révéler leur identité ou de donner des preuves des agressions subies afin de préserver leur sécurité. Ce qui explique en partie les difficultés de la commission d’enquête, mise en place par le président Jacob Zuma, pour faire la lumière sur le drame d’août: après des mois de travaux, elle est encore loin de pouvoir rendre ses conclusions.

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Des parties se sont retirées faute d’argent, et les témoins clés disparaissent les uns après les autres. Daluvuyo Bongo, un permanent du NUM, a notamment été abattu quelques jours après avoir participé à une reconstitution de la tuerie conduite par le président de la commission d’enquête, le juge Ian Farlam. Mawethu Steve, membre de l’Amcu et important témoin de l’enquête, a lui été assassiné dans un bar près de Marikana en mai, avant même d’avoir pu être entendu.

Les meurtres ne cesseront pas tant que le NUM n’acceptera pas sa perte d’influence.

Et cette violence ne se limite pas au milieu syndical. Le sangoma (guérisseur traditionnel) Alton Joja, qui avait envoûté les mineurs afin de les protéger contre les balles des policiers, a également été retrouvé mort chez lui dans la région du Cap oriental (sud), à plusieurs milliers de kilomètres de Marikana. "Les meurtres, qu’ils soient provoqués par l’enquête de Farlam ou les rivalités syndicales, ne cesseront pas tant que le NUM n’acceptera pas sa perte d’influence ou ne parviendra pas à reprendre le dessus sur ses rivaux", affirme David van Wyk, chercheur à la Bench Marks Foundation, une organisation religieuse qui a tenté une médiation pendant les grèves de 2012.

(Avec AFP)

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