DP World signe avec le port de Dar es-Salaam, malgré les controverses
Le groupe émirati exploitera seul quatre des douze postes d’amarrage et quatre autres en partenariat avec l’Autorité portuaire tanzanienne. La ratification de l’accord par le parlement en juin avait suscité une vive contestation en Tanzanie.
Pour améliorer sa productivité, le port de Dar es-Salaam compte sur DP World. C’est avec ce dernier que le gouvernement tanzanien a signé le 22 octobre trois contrats lui confiant pour trente ans l’exploitation d’une partie du terminal portuaire. Ces contrats donnent au groupe émirati le droit de gérer exclusivement quatre des douze postes d’amarrage de ce port d’Afrique de l’Est, l’un des plus importants du continent, et d’en exploiter quatre autres en partenariat avec l’Autorité portuaire tanzanienne (TPA). Des évaluations seront menées tous les cinq ans, a précisé le directeur général de la TPA, Plasduce Mbossa.
DP World est l’un des principaux opérateurs portuaires mondiaux, exploitant plus de 60 ports et terminaux à travers le monde, selon son site internet. Ces contrats font suite à un accord intergouvernemental signé l’an dernier visant, selon le gouvernement tanzanien, à améliorer la productivité des 80 ports officiels du pays, à travers la cession d’activités à l’un des principaux opérateurs portuaires mondiaux, propriété du gouvernement émirati.
« Abandon de souveraineté »
La ratification de cet accord par le parlement en juin a suscité une vive contestation. Ses détracteurs dénoncent « un abandon de souveraineté », selon les mots du président du principal parti d’opposition (Chadema), Freeman Mbowe. Un temps opposés à cet accord, le leader du parti d’opposition ACT-Wazalendo, Zitto Kabwe, et le chef de l’Église catholique tanzanienne, Charles Kitima, ont assisté à la signature des contrats. « Certaines de nos propositions ont été prises en compte », a expliqué ACT-Wazalendo dans un communiqué, ajoutant « insist[er] toujours pour que le contrat soit rendu public ».
« Nous avons pris en compte les points de vue de différents groupes avant de signer ce contrat », a déclaré la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, lors de la cérémonie de signature. L’intervention de DP World devra permettre notamment de réduire les temps de déchargement et de développer les échanges avec les pays voisins enclavés (Rwanda, Burundi, Zambie, Malawi…), a-t-elle estimé. Le PDG de DP World, Sultan Ahmed ben Soulayem, a déclaré que cette concession permettra de « transformer le port de Dar es-Salaam en une installation de classe mondiale », promettant plus de 250 millions de dollars d’investissement lors des cinq prochaines années.
Amnesty International avait dénoncé en août des arrestations d’opposants au projet, affirmant que 24 personnes avaient été arrêtées, certaines relâchées, depuis juin pour avoir critiqué cet accord. L’un d’entre eux, l’avocat et militant Rugemeleza Nshala, avait annoncé en juillet avoir été contraint de fuir le pays après avoir fait l’objet d’intimidations et de menaces de mort.
(avec AFP)
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