Au Togo, le général Kadangha sur le banc des accusés

Autrefois proche du président Faure Gnassingbé, l’ex-chef d’état-major des forces armées togolaises est accusé d’avoir joué un rôle dans l’assassinat du colonel Bitala Toussaint Madjoulba en mai 2020.

Le général Félix Abalo Kadangha. © DR

Le général Félix Abalo Kadangha. © DR

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Publié le 23 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Qui a tué le colonel Bitala Toussaint Madjoulba, commandant du premier bataillon d’intervention rapide (BIR), assassiné dans son bureau dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, quelques heures après l’investiture du président Faure Gnassingbé à laquelle il venait d’assister ? Qui sont les commanditaires et les éventuels complices ?

C’est à ces questions que la chambre criminelle du tribunal militaire de Lomé va tenter d’apporter des réponses. Le procès, très attendu, s’est ouvert ce lundi 23 octobre au palais de justice de Lomé. Sur le banc des prévenus se trouve notamment un homme qui fut l’un des gradés les plus puissants de l’armée togolaise.

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Général de division, Félix Abalo Kadangha fut longtemps considéré comme un proche du président Gnassingbé, dont il a épousé une sœur. Arrêté le 12 janvier dernier, il fut le chef d’état-major des Forces armées togolaises (FAT) de 2013 à 2020. Tombé en disgrâce, il est aujourd’hui accusé de « complicité d’assassinat, complicité d’entrave au bon fonctionnement de la justice et de complot contre la sécurité intérieure de l’État ». Des chefs d’inculpation similaires ont été retenus contre plusieurs officiers et hommes de rang, qui sont eux aussi dans le box des accusés.

Dissensions dans l’armée

Officiellement, ce procès ne se tient pas à huis clos. Mais les accès au palais de justice étaient bloqués par des policiers et des gendarmes, positionnés derrière des barrières de sécurité. Contactée par Jeune Afrique, une source judiciaire explique : « C’est un procès comme tous les autres, qui est ouvert au public. Mais compte tenu des inconvénients de l’utilisation incontrôlée des appareils téléphoniques pour filmer et enregistrer, et conformément au code de procédure pénale, il était nécessaire de prendre les dispositions idoines pour éviter des comportements inappropriés ».

Il faut dire que l’affaire est sensible. L’assassinat du colonel Madjoulba, lui aussi réputé proche du président togolais et dont le frère, Calixte, est devenu le puissant ministre de la Sécurité début septembre, a défrayé la chronique tant en raison de la personnalité de la victime, très apprécié au sein de la troupe, que de celle des accusés. En raison aussi des dissensions internes à l’armée que ce dossier a mis à jour.

Code de justice militaire révisé

L’enquête en elle-même a duré près de trois ans. Des experts balistiques ont été sollicités, des commissions rogatoires ont permis l’audition de plusieurs militaires et le code de justice militaire a été révisé.

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Bientôt âgé de 60 ans, le général Kadangha fut l’un des gradés les plus redoutés de l’armée. Passé par le collège militaire Eyadéma de Tchitchao à Kara, formé en Côte d’Ivoire, il avait également fait ses classes à l’École de l’artillerie à Draguignan, en France, et au Collège royal de l’enseignement militaire supérieur (CREMS) au Maroc. Avant de devenir chef d’état-major en 2013, il a notamment dirigé la Force d’intervention rapide (FIR) de 2002 à 2012.

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