Au Mali, la Minusma quitte son camp d’Aguelhok et pense à Kidal
Après leur départ de Tessalit il y a quelques jours, les Casques bleus de l’ONU ont vidé leur second camp dans la région. Leur départ de la ville-bastion des séparatistes s’annonce périlleux.
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a quitté le 23 octobre son camp d’Aguelhoc (Nord), dans le cadre de son retrait d’ici à la fin de l’année, alors que le pays est en proie aux attaques de groupes jihadistes et de séparatistes.
« Nous avons définitivement quitté ce lundi notre camp d’Aguelhok », a assuré un Casque bleu tchadien. L’information a été confirmée par un responsable à Bamako et deux élus locaux. Il n’y a pas encore eu de cérémonie de passation avec les autorités dans ce camp isolé situé dans cette zone sous tensions. Le camp était vide et inoccupé lundi en début d’après-midi, ont affirmé deux élus locaux.
Contexte « extrêmement tendu »
La Minusma procède à ce désengagement alors que la région de Kidal, dont fait partie Aguelhoc, est le théâtre d’une escalade militaire pour le contrôle du territoire. Le 22 octobre, la Minusma a annoncé avoir « accéléré » son départ la veille du camp de Tessalit dans un contexte sécuritaire « extrêmement tendu et dégradé » qui a mis selon elle « en danger la vie de son personnel ». Le retrait du camp d’Aguelhoc est le second dans la région de Kidal et le septième dans le pays. L’évacuation prochaine du camp de Kidal, ville-bastion des séparatistes, s’annonce périlleuse.
Demandé en juin dernier par les putschistes arrivés au pouvoir en 2020, à la tête desquels Assimi Goïta, le retrait des quelque 11 600 soldats et 1 500 policiers qui étaient présents au Mali depuis 2013 doit s’échelonner jusqu’au 31 décembre. Il a exacerbé les rivalités pour le contrôle du nord du pays.
L’armée accusée par les séparatistes d’exécuter des civils
Les groupes séparatistes, réunis pour certains au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), s’opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, ce qui va à l’encontre selon eux des accords d’Alger passés en 2014 et 2015 quand, après s’être soulevés en 2012, ils avaient accepté de cesser le feu et de faire la paix.
Dans un communiqué publié le 24 octobre, ils ont affirmé qui huit personnes avaient été tuées dans le village de Lougui, dans le centre du Mali, et quatre autres personnes exécutées à Tinfadimata, dans la région de Ménaka (Nord-Est). Ils dénoncent aussi la mort de trois civils près de la ville de Ber (Nord) dont le camp de la Minusma a été remis récemment aux autorités maliennes. Les affirmations de tous les protagonistes sont difficilement vérifiables dans ces zones reculées.
(avec AFP)
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