Au Gabon d’Oligui Nguema, on ne rigole pas avec l’hymne national

Huit élèves d’un lycée de Libreville ont été sanctionnés par un conseil de discipline pour avoir mal interprété le chant « La Concorde ».

Huit élèves d’un lycée de Libreville ont été sanctionnés par un conseil de discipline, pour avoir mal interprété l’hymne national. © Glez

Huit élèves d’un lycée de Libreville ont été sanctionnés par un conseil de discipline, pour avoir mal interprété l’hymne national. © Glez

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Publié le 24 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Pour ceux qui n’auraient pas remarqué que les architectes du nouveau régime gabonais sont militaires, le président de la transition a instillé une nouvelle dose de discipline dans le respect dû à l’État. De même qu’il a annoncé l’instauration du service militaire obligatoire, pour contrer ce qu’il dénonce comme une perte des valeurs et un non-respect des lois par bon nombre de ses compatriotes, le général Brice Oligui Nguema a décidé, il y a deux semaines, d’astreindre les élèves gabonais, tous les lundis matin, à assister à la levée du drapeau en chantant l’hymne national avant l’entrée en classe.

Certains internautes avaient anticipé un fiasco de cette montée scolaire des couleurs, se demandant si la nouvelle génération connaissait encore l’air et les paroles du chant La Concorde, écrit et composé en 1960 par Georges Aleka Damas. Le lundi 13 octobre, malgré un déroulement parfois contrôlé par les sommités du Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI), quelques couacs n’ont pas manqué d’arriver…

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Sacrilège ? Blasphème ?

L’incident le plus spectaculaire s’est déroulé au Lycée Nelson Mandela de Libreville. Si des rires nerveux ont été dénoncés, ici ou là, lorsque certains collégiens ou lycéens trahissaient leur méconnaissance involontaire de l’hymne, huit élèves ont eu la mauvaise idée de diffuser leur incivisme musical sur les réseaux sociaux. Sacrilège ? Blasphème ? Face à la vidéo virale, nombreux sont ceux qui ont évoqué une parodie.

Un conseil de discipline a identifié les moqueurs et leur a infligé, le 20 octobre, des sanctions allant de l’exclusion temporaire à l’exclusion définitive, en passant par des travaux d’intérêt général. Pour les défendre, certains internautes plaident sur les réseaux sociaux le manque de cours d’éducation civique et le fait que les élèves soient mineurs, âge qui rime avec inconscience naturelle. Supposant que tous les punisseurs ne sont sans doute pas capables de chanter La Concorde jusqu’au bout, ils ajoutent que l’exclusion définitive, notamment, risque de verser les fautifs dans une oisiveté peu éducative.

D’autres saluent une sévérité de nature à marquer les esprits, souhaitant tout de même que les familles prennent le relais en matière de châtiment. Le ministère de l’Éducation nationale a reçu le rapport du conseil de discipline du Lycée Nelson Mandela et devrait formuler un avis sur les punitions. Le CTRI emboîte le pas de bien d’autres régimes du continent – notamment les plus militarisés – qui souhaitent, dans un esprit de refondation des nations, la réappropriation des valeurs citoyennes par la génération 2.0.

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