Brésil : le pape clôt les JMJ devant deux millions de jeunes
Le pape François a poussé les jeunes à suivre les pas de Jésus en s’engageant pour changer le monde, devant deux millions de pèlerins réunis samedi sur la plage de Copacabana à Rio pour une nuit de veillée de prière.
"Les jeunes dans les rues veulent être les acteurs du changement. S’il vous plaît ne laissez pas les autres devenir les acteurs du changement(…) Ne restez pas au balcon de la vie, Jésus n’y est pas resté. Il s’y est engagé ! Engagez-vous-y comme l’a fait Jésus", a lancé le pape, à l’avant-dernier jour des 28e Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).
Cette exhortation a pris un écho tout particulier au Brésil, où la jeunesse est entrée en révolte en juin pour réclamer une amélioration des services publics (transports, éducation, santé) et crier son exaspération de la corruption et de la classe politique.
Le pape avait déjà incité cette semaine les jeunes catholiques à ne pas hésiter à mettre un peu de "pagaille" pour sortir l’Église de sa torpeur. "Jésus est meilleur que la Coupe du Monde !" de football, a encore lancé le pape sous forme de boutade aux jeunes catholiques venus du monde entier pour participer au "Woodstock catholique". "Il nous demande de jouer dans son équipe", a poursuivi le pontife au pays du football roi, le seul à avoir remporté cinq fois la Coupe du Monde qu’il organisera l’an prochain.
La plage de Copacabana, large anse en demi-lune de quatre kilomètres de long, était noire de monde, totalement recouverte de tentes et de sacs de couchage."Il y a deux millions de personnes", a estimé le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, interrogé par l’AFP.
Le pape doit célébrer dimanche matin sur Copacabana la messe de clôture des JMJ. Ce sera le dernier acte du premier voyage à l’étranger de son pontificat. Agé de 76 ans, le pape a déployé pendant une semaine une énergie inépuisable et tracé les axes de son pontificat : proximité avec les pauvres, ouverture sur la société d’une Église trop renfermée sur elle-même… Le maire de Rio Eduardo Paes a estimé que jusqu’à trois millions de personnes pourraient assister à la messe de dimanche, ce qui serait le "record de l’histoire de Copacabana".
"Il est super. Il a vraiment les pieds sur terre"
Samedi, les jeunes catholiques des JMJ avaient pérégriné joyeusement dans Rio, entre la gare centrale et Copacabana, chantant et dansant, scandant "nous sommes la jeunesse du pape". Dans leur immense majorité, ils ont été conquis par la chaleur et les paroles simples et directes du premier pape sud-américain de l’histoire. "Il est super. Il a vraiment les pieds sur terre", commentait Priti Khatiwada, une Australienne de 16 ans en fin d’après-midi sur la plage, où des prêtres en soutane côtoyaient leurs jeunes ouailles en bikini.
Fidèles au dogme, ils sont aussi en faveur de changements, d’une certaine ouverture de l’Église. "Dans beaucoup de cas, des prêtres ont commis des péchés parce qu’ils ont été privés d’un besoin naturel basique", estimait Prtiti Khatiwada à propos des nombreux scandales de pédophilie qui ont éclaboussé l’Église. Cette jeune Australienne se disait ainsi favorable au mariage des prêtres.
Selon un sondage publié par le quotidien Folha, les pèlerins des JMJ sont ainsi opposés à l’avortement (75%) et au mariage gay (67%) mais favorables à la contraception, qu’il s’agisse du préservatif (65%) ou de la pilule (53%).
Dans la journée, le pape avait prononcé devant les évêques brésiliens un discours qualifié par le Vatican de "très important". L’Église doit réapprendre "la grammaire de la simplicité", ainsi que la vertu de l’humilité, qui est "l’ADN de Dieu", a dit le pape.
Analysant les raisons de la désaffection qui frappe l’Église catholique, notamment au Brésil où des millions de croyants se sont détournés du catholicisme pour rejoindre les églises évangéliques néo-pentecôtistes, il a lancé cette réflexion: "L’Église est peut-être trop éloignée de leurs besoins, peut-être trop pauvre pour répondre à leurs inquiétudes, peut-être trop froide (…), peut-être trop auto-référentielle, peut-être prisonnière de ses langages rigides?" Il a exhorté les prêtres "à ne pas rester enfermés dans leur paroisse" mais à "sortir" pour évangéliser ceux qui sont loin et à "aller dans les favelas chercher et servir le Christ".
(AFP)
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