Le banquier Idrissa Nassa ravit la tête du patronat burkinabè à Apollinaire Compaoré

En compétition avec son compatriote qui sollicitait un nouveau mandat, le patron de Coris Bank s’est imposé en obtenant le vote de confiance des organisations patronales, réunies en assemblée générale. Il prend ainsi les rênes d’un Conseil national du patronat en quête d’un nouveau souffle.

Idrissa Nassa. © Sophie Garcia/Hanslucas pour JA

Idrissa Nassa. © Sophie Garcia/Hanslucas pour JA

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Publié le 24 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Concurrents dans les affaires, Idrissa Nassa, 59 ans, l’emblématique fondateur de Coris Bank international, et Apollinaire Compaoré, 68 ans, fondateur du groupe Planor Afrique, se sont affrontés pour décrocher la présidence du Conseil national du patronat burkinabè. Un duel qui a tourné à l’avantage du premier qui détrône Compaoré avec 119 voix contre 54.

En juin dernier, le groupe Coris Bank avait fait les gros titres avec l’acquisition des filiales du groupe français Société générale au Tchad et en Mauritanie. Créé en 2008, Coris a connu un développement rapide aussi bien au Burkina Faso (20 % de parts du marché) que dans la sous-région, avec une présence en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Mali, au Togo, au Niger, en Guinée-Bissau, au Sénégal ou encore en Guinée. En 2021, Coris Bank a été classée troisième groupe bancaire de la sous-région par la commission bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA)

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Ambiance tendue

Compaoré avait lui-même succédé au défunt Birahima Nacoulma qui dirigea ce syndicat patronal de 2011 à 2018. L’entrepreneur détient, entre autres, Telecel Faso, numéro trois de la téléphonie mobile au Burkina ainsi que le groupe Union des assurances du Burkina (UAB) par le biais de sa filiale Alpha West Africa. Il possède une myriade d’entreprises pesant plusieurs centaines de milliards de francs CFA, parmi lesquelles, Burkina Moto et la Société burkinabè d’équipement (SBE), spécialisée dans la vente au comptant et à crédit de biens d’équipements, ou encore Wendkuni Bank International et FasoCrédit dédiée à la microfinance. Dans la course au patronat burkinabè, il était soutenu par son vice-président, Seydou Diakité et misait sur son réseau dans le secteur privé, notamment chez les commerçants.

La désignation de Nassa à la tête du patronat vise à relancer l’organisation afin de peser comme sa consœur ivoirienne, Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), sur les dossiers qui intéressent le secteur privé. L’élection du patron des patrons s’est opérée dans une ambiance tendue, les deux prétendants ayant battu le rappel de leurs troupes jusqu’au dernier moment. Soutenu par le Cercle des jeunes chefs d’entreprises dont est issu le gotha burkinabè des affaires – à l’image de Mahamadi Savadogo dit Kadhafi, président de la Chambre de commerce et patron du groupe ATP du discret cimentier Inoussa Kanazoé (CIM Metal Group) ou encore de Moussa Kouanda, PDG de GCM Industries par ailleurs président de la communauté –, Idrissa Nassa a su convaincre qu’il était l’homme du renouveau et du changement.

Issu d’une lignée de négociants, dans la pure tradition des opérateurs économiques burkinabè, Idrissa Nassa, s’est d’abord démarqué comme importateur et distributeur de riz, de sucre et surtout de pièces détachées pour les deux-roues. En 2001, il rachète la Financière du Burkina, un établissement de crédit alors en pleine crise, qu’il recapitalise et transforme en Coris Bank International, en 2008. Grâce à sa maîtrise des rouages du monde des affaires local et de ses acteurs, l’entrepreneur burkinabè parvient, petit à petit, à s’imposer dans la finance avec la casquette de « banquier des PME ». Un modèle qu’il duplique un peu partout sur le continent avec plus ou moins le même succès.

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