Au Cameroun, Nintcheu lance un « parti de combat » pour concurrencer le SDF

Le député du Social Democratic Front Jean-Michel Nintcheu rejoint le Front pour le changement au Cameroun, nouvelle appellation du Rassemblement pour la patrie. Avec comme ambition de porter les idéaux socialistes jusqu’à la présidentielle de 2025 ?

Jean-Michel Nintcheu, à Yaoundé le 7 juillet 2022. © MABOUP pour JA.

Jean-Michel Nintcheu, à Yaoundé le 7 juillet 2022. © MABOUP pour JA.

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Publié le 25 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

Alors que le congrès du Social Democratic Front (SDF) doit s’ouvrir le 27 octobre, Jean-Michel Nintcheu, député qui a évolué sous la bannière du mouvement d’opposition pendant des décennies, a finalement décidé de claquer la porte du parti, alors même qu’il avait contribué à sa création. Le parlementaire du Littoral a choisi de militer désormais au sein du Front pour le changement au Cameroun (FCC).

Cette formation est la nouvelle appellation de l’existant Rassemblement pour la patrie, créé en 1992 et rebaptisé pour l’occasion à la faveur d’une modification de ses statuts. Le FCC se dit « inspiré des idéaux du SDF originel », selon une note consultée par Jeune Afrique, et veut se positionner comme un « parti de combat et de lutte pour le changement au Cameroun ».

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Le G27 en première ligne

Pour continuer à mener le « combat pour les libertés et la démocratie au Cameroun, il a fallu trouver la meilleure formule », explique le document. « Nous avons tous été déçus par la ligne politique choisie par notre ancien parti et ses dirigeants. Et davantage encore outrés par les nombreuses exclusions qui ont vidé ce parti de ses cadres les plus importants », poursuit le militant Carlos Ngoualem, son rédacteur.

Le FCC fait donc la part belle aux anciens du SDF et en particulier à Jean-Michel Nintcheu et au Groupe des 27 (G27), du nom des 27 cadres exclus en février 2023 du parti socialiste de John Fru Ndi, dont la présidence doit être reprise par Joshua Osih le 29 octobre. Un congrès est d’ores et déjà annoncé afin de choisir les responsables du parti et de dévoiler le manifeste, le projet de société et le programme politique, économique et social.

En route vers 2025 ?

La réactualisation de ce parti à l’approche de l’élection présidentielle prévue en 2025 émane-t-elle de Jean-Michel Nintcheu dans l’objectif de se positionner en vue d’une candidature ? Elle intervient en tout cas à la fin d’une guerre de clans au cours de laquelle le parlementaire du Littoral aura échoué à succéder au chairman John Fru Ndi et à emmener le SDF sur la voie d’une opposition radicale au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).

Depuis que Fru Ndi, leader emblématique du SDF décédé en juin, avait confirmé qu’il ne « sera[it] plus candidat à aucune élection présidentielle », le SDF a en effet connu une intense bataille de leadership avec, d’un côté, les partisans du député Jean-Michel Nintcheu et, de l’autre, ceux du député et vice-président du SDF, Joshua Osih. Le premier avait fini par être exclu de la formation socialiste, laissant le champ libre à son adversaire politique.

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Partisan d’une forme de radicalité politique – ce qui l’a conduit à se rapprocher du Mouvement pour la renaissance du Cameroun de Maurice Kamto –, il n’avait toutefois pas dit adieu à ses ambitions de représenter une opposition socialiste crédible à Paul Biya. Deux ans avant la prochaine présidentielle, l’expérimenté parlementaire doit désormais trouver sa place au milieu de partis déjà installés : le SDF, donc, le MRC, mais aussi le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii.

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