Mali : les agents électoraux enlevés au nord de Kidal ont été libérés

Les six personnes, dont cinq agents électoraux, enlevées dans la région de Kidal (nord-est du Mali) par des hommes armés ont été relâchés, mais les préoccupations sécuritaires demeuraient vives dimanche dans cette zone à une semaine d’une présidentielle cruciale pour le pays.

Un soldat malien patrouille dans les rues de Kidal, le 26 mai 2006. © AFP

Un soldat malien patrouille dans les rues de Kidal, le 26 mai 2006. © AFP

Publié le 21 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Les enlèvements, par des hommes armés, avaient eu lieu samedi dans la localité de Tessalit, au nord de la ville de Kidal, chef-lieu de région, selon un responsable au gouvernorat de Kidal, qui avait fait état de six otages au total: cinq agents électoraux et un élu local. "Toutes les personnes enlevées samedi à Tessalit ont été libérés, elles se portent bien", a-t-il déclaré dimanche à l’AFP.

"C’est Baye Ag Diknane, un responsable du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, MNLA), qui a commandité le coup. Il est actuellement entendu par les forces internationales à Tessalit. Il est arrêté", a-t-il ajouté.

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Une source militaire africaine jointe à Kidal a confirmé la libération des otages. Citant le témoignage de l’un d’eux, elle a indiqué que lors de l’enlèvement, les ravisseurs ont utilisé "un véhicule avec drapeau du MNLA". "Les otages ont eu les yeux bandés sur 150 kilomètres", a-t-elle ajouté.

Les rapts n’ont pas été revendiqués mais, dès samedi, une source administrative à Kidal et une source au ministère de la Sécurité avaient accusé des membres du MNLA d’en être les auteurs.

Le MNLA avait pris le contrôle de Kidal en février 2013, à la faveur de l’intervention de l’armée française en janvier 2013 qui avait permis de chasser ses anciens alliés jihadistes ayant occupé le nord du Mali pendant près de dix mois.

Les rebelles touareg ont longtemps refusé la présence de l’armée et de l’Administration maliennes à Kidal. Jusqu’à la signature, le 18 juin à Ouagadougou, d’un accord avec le gouvernement malien qui a permis le cantonnement dans la ville des hommes du MNLA en parallèle avec l’arrivée, le 5 juillet, de 150 soldats maliens, suivi d’un retour de l’Administration.

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Craintes pour l’élection présidentielle

Les enlèvements se sont produits au lendemain de violences dans la ville de Kidal entre Touareg et Noirs ayant fait entre jeudi soir et vendredi quatre morts et plusieurs blessés, selon le gouvernement malien. Des boutiques ont été pillées et saccagées, le marché de la ville a été incendié.

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Le calme était revenu dans la ville, où ont patrouillé des soldats de l’ONU et de l’armée malienne. "Aujourd’hui (dimanche), c’est calme. Mais le marché brûlé est toujours fermé, les boutiques sont fermées", a rapporté un résident. Un habitant de Tessalit a également indiqué que le calme régnait dans sa localité.

Ces derniers développements font planer le doute sur la possibilité d’organiser la présidentielle à Kidal, d’où sont originaires de nombreux Touareg maliens.

Un des 28 candidats dont les dossiers ont été validés, Tiébilé Dramé, a annoncé le 17 juillet son retrait de la course en dénonçant les conditions de préparation du scrutin, particulièrement à Kidal.

Mais les principaux candidats continuaient de battre campagne, et parmi ceux qui mobilisent le plus lors de leurs rassemblements, figurent l’ex-Premier ministre Ibrahim Boubacar Keïta, surnommé IBK d’après ses initiales, et l’ex-ministre et ex-haut fonctionnaire ouest-africain Soumaïla Cissé, donnés favoris. Lors d’un meeting samedi à Bamako, M. Cissé a affirmé avoir "de grandes inquiétudes sur des risques de fraudes généralisées" au scrutin, et avoir saisi l’ONU.

Le Mali pas "complètement stabilisé"

Dans d’autres milieux, s’expriment des préoccupations sécuritaires dans ce pays de 1.240.000 km2 éprouvé par 18 mois de crise politique et une guerre contre les jihadistes menée avec l’appui déterminant de la France et son opération Serval, ainsi que d’autres troupes étrangères.

En dépit d’une "dynamique de succès militaires répétés", le Mali n’est pas "complètement stabilisé", a estimé le général Grégoire de Saint-Quentin, qui va prendre la direction des forces spéciales françaises après avoir mené l’opération Serval au Mali.

"Le territoire malien est grand comme plus de deux fois la France. Pour ses deux tiers, il a été pendant un an sous la coupe des groupes terroristes qui ont mis à bas toutes les structures administratives et sécuritaires, comme la gendarmerie et la garde nationale. L’armée malienne a été défaite et ses matériels ont été détruits. Il faut du temps pour reconstruire tout cela dans un pays aussi vaste", a dit l’officier à l’hebdomadaire français Journal du Dimanche.

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