Bras de fer autour du carburant en RDC : une crise qui s’éternise ?
Sous la menace de grèves des distributeurs de produits pétroliers raffinés, le gouvernement s’est résolu à acter la hausse des prix à la pompe pour éviter une énième crise d’approvisionnement.
Engagé dans un bras de fer avec la filière du carburant pour le paiement des dettes au titre des subventions accordées au secteur et la révision à la hausse des prix à la pompe, le gouvernement a annoncé une nouvelle structure des prix des produits pétroliers en RDC.
Cette démarche intervient quelques jours seulement après le préavis de grève émis le 16 octobre par les sociétés pétrolières opérant dans la zone sud du pays auprès du ministre de l’Économie nationale, Vital Kamerhe.
Contestant « une asphyxie financière », en raison de la hausse du prix du baril combinée à la non révision de la structure des prix jusque-là en vigueur, les sociétés pétrolières ont soutenu dans un communiqué de la section du Haut-Katanga de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), le syndicat du patronat congolais, « ne pas être en mesure de continuer à assurer le rythme régulier d’approvisionnement normal ». D’ailleurs à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga et l’une des plus grandes villes de la RDC, les rares stations-service encore ouvertes ont été à court de carburant ces derniers jours.
« Soulager les pétroliers »
Si le ministre de l’Économie a promis au début du mois d’octobre de « payer sensiblement le manque à gagner des sociétés pétrolières » et de « faire une petite augmentation du prix » pour soulager les pétroliers à partir du 15 octobre, la révision à la hausse des prix à la pompe – la troisième depuis le début de l’année – n’a été actée que lundi 23 octobre, selon l’agence congolaise de presse, citant un arrêté ministériel.
En vigueur depuis le 24 octobre, la nouvelle structure des prix a été établie par région d’approvisionnement. Au Sud, principale zone concernée par le mouvement de grève, le prix du litre d’essence est passé de 3 485 francs congolais à 3 915 FC, environ 1,43 euro, tandis que le gasoil est désormais vendu à 4 145 FC au lieu de 3 664 FC. Dans le Nord, le prix du litre d’essence a été fixé à 3 970 FC, contre 4 020 pour le litre de gasoil.
Une dette de 420 millions de dollars
Alors que le ministère de l’Économie affirme que cette démarche vise à « préserver l’équilibre du système d’approvisionnement », son homologue à la tête du portefeuille des Hydrocarbures, Didier Budimbu, explique à Jeune Afrique que « le pays dispose actuellement des stocks de produits pétroliers raffinés pour les trois prochains mois, outre les tankers qui sont en train d’acheminer le carburant ».
Pour Didier Budimbu, les distributeurs provoquent délibérément la crise d’approvisionnement pour exiger le remboursement des pertes et des manques à gagner qu’ils enregistrent en vendant le carburant aux prix fixés par les autorités. « Jusqu’à fin décembre 2022, le gouvernement doit 420 millions de dollars aux distributeurs de produits pétroliers et nous sommes en discussion pour annoncer un plan de remboursement », ponctue le ministre.
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