Terrorisme : le jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar inculpé à New York
Les autorités judiciaires new-yorkaises ont annoncé vendredi l’inculpation du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar pour l’attaque du complexe gazier d’In Amenas, en Algérie, en janvier dernier, durant laquelle au moins 38 otages de dix pays avaient été tués, dont trois Américains.
Huit chefs d’accusation ont été retenus contre l’ancien leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont "complot visant à apporter un soutien à Al-Qaïda et Aqmi, complot de prise d’otages, enlèvement de personnes protégées internationalement, et complot visant à utiliser une arme de destruction massive", a annoncé le procureur fédéral de Manhattan Preet Bharara. Cela le rend passible de la peine de mort, même si le procureur a souligné qu’il n’avait pas été localisé.
"Mokhtar Belmokhtar a lancé il y a des années un règne de terreur pour servir son but autoproclamé de jihad sanglant contre l’Occident. Ses efforts ont culminé dans un siège de cinq jours qui a tué des dizaines de personnes, dont trois Américains, et des centaines d’autres ont eu peur pour leur vie", a ajouté le procureur dans un communiqué.
"Belmokhtar a apporté la terreur et le sang à ces personnes innocentes et nous avons maintenant l’intention de le traduire en justice", ajoute encore le procureur.
Cinq millions de dollars pour sa capture
Le communiqué affirme que Belmokhtar a revendiqué cette attaque le 21 janvier, dans une vidéo en ligne, au lendemain de la fin de l’attaque "au nom d’Al-Qaida".
Début juin, Washington avait annoncé offrir cinq millions de dollars pour toute information permettant d’arrêter Belmokhtar. Au total, le Département d’Etat a proposé jusqu’à 23 millions de dollars de récompense pour toute information conduisant à sa capture, à celle du chef de la secte islamiste nigériane Boko Haram, ou à d’autres responsables du groupe Aqmi, dans le cadre d’un programme baptisé "récompenses pour la justice", qui offre de l’argent à tout informateur permettant l’arrestation ou l’élimination d’individus qui menacent les intérêts des Etats-Unis.
Mokhtar Belmokhtar, 41 ans, surnommé "le borgne", a créé fin 2012 sa propre unité combattante, les "Signataires par le sang", pour s’affranchir de la tutelle d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) avec laquelle il est entré en dissidence en octobre 2012, selon des experts. Le communiqué du procureur Bharara souligne que Belmokhtar a affirmé en décembre 2012 que son groupe "faisait partie d’Al-Qaïda".
Trois des preneurs d’otages, interrogés par les autorités américaines après l’attaque sur le complexe gazier d’In Amenas, dans le Sahara algérien, ont affirmé qu’ils étaient membres d’un groupe d’Al-Qaïda, dont Belmokhtar était "l’émir", a également indiqué le procureur .
Déjà condamné à deux reprises par la justice algérienne
Donné pour mort par le Tchad en avril, Belmokhtar a aussi revendiqué le double attentat-suicide au Niger, qui a fait une vingtaine de morts en mai dernier, et a menacé de frapper les pays engagés au Mali.
Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, il aurait aussi commandité l’assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, et la prise en otage de deux Canadiens en 2008, trois Espagnols et deux Italiens en 2009.
Le Canada a aussi annoncé le 26 juin qu’il avait engagé des poursuites pour son rôle dans l’enlèvement des deux diplomates canadiens il y a cinq ans.
Né en juin 1972 à Ghardaïa, à 600 km au sud d’Alger, Mokhtar Belmokhtar a combattu très jeune en Afghanistan en 1991 où il a perdu un oeil, ce qui lui a valu son surnom de "Laouar" (le borgne).
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