Macron plaide pour une relance du processus de paix à Amman et au Caire
Aide médicale et solution à deux États : le président français a bouclé sa tournée au Moyen-Orient sans que son idée de coalition internationale ait été reprise par ses homologues arabes.
En visite au Caire le 25 octobre, le président français Emmanuel Macron a rejeté l’idée de « double standard » entre Israéliens et Palestiniens, plaidant pour une relance du « processus de paix » en vue de créer un État palestinien et annonçant l’envoi d’un navire-hôpital à Gaza.
Dans la guerre contre le Hamas, Israël menace de lancer une invasion terrestre de la bande de Gaza tenue par le mouvement islamiste palestinien. Emmanuel Macron et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi l’ont exhorté à ne pas faire cette « erreur ».
Cette opération ferait « un grand nombre de victimes civiles », a plaidé Sissi. Elle serait « une erreur » car elle ne pourrait pas « protéger (Israël) dans la durée » et ne serait « pas compatible avec le droit international humanitaire et même les règles de la guerre », a abondé le chef de l’État français, tout en réitérant le droit d’Israël à « se défendre » et à « cibler des groupes terroristes de manière totalement identifiée ».
« Toutes les vies se valent »
Après une première étape en Israël, où il a présenté les condoléances d’un « pays ami, éploré devant l’acte terroriste le plus terrible de votre Histoire », Emmanuel Macron s’est adressé aux pays et aux opinions arabes.
« Toutes les vies se valent, toutes les victimes méritent notre compassion, notre engagement durable pour une paix juste et durable au Proche-Orient », a-t-il martelé alors que le roi Abdallah II de Jordanie, par exemple, a accusé l’Occident d’affirmer que « les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes ».
Les deux dirigeants se sont rencontrés dans la matinée à Amman. Abdallah II a dit la « nécessité absolue » d’ « arrêter la guerre à Gaza » car « sa poursuite pourrait mener à une explosion dans la région ».
Navire et matériel médical
Alors que plusieurs hôpitaux à Gaza n’ont plus d’électricité en raison du « siège complet » décrété par Israël, Emmanuel Macron a annoncé l’envoi d’un navire militaire pour les « soutenir ». Le « Tonnerre » a quitté le port de Toulon dans l’après-midi du 25 octobre.
Un avion français chargé de matériel médical atterrira le 26 octobre en Égypte et d’autres « suivront », a ajouté Macron alors que l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes à Gaza via l’Égypte, unique pays à avoir un point d’accès à Gaza qui ne soit pas aux mains d’Israël. Seules quelques dizaines de camions sont passés au grand dam de l’ONU qui réclame une aide massive pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout. Jusqu’ici, aucun étranger ou binational bloqué à Gaza n’a pu en sortir.
Emmanuel Macron a assuré avoir discuté avec l’Égypte de l’évacuation d’une « cinquantaine de ressortissants français » et d’ « une centaine de personnels de l’Institut français de Gaza », l’une des rares institutions étrangères du petit territoire.
Pierre angulaire
Emmanuel Macron a pris soin d’afficher une politique équilibrée dans la région, avec l’ambition d’y jouer un rôle pour tenter de surmonter le séisme provoqué par l’attaque du Hamas. Il souhaite ainsi réactiver la « solution à deux États », pierre angulaire des négociations de paix, au point mort depuis des années.
L’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, annexée, rend impossible la continuité d’un hypothétique État palestinien. Et, en 2020, trois pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, renonçant à faire de la création d’un État palestinien une condition sine qua non à cette reconnaissance.
Objectifs
« Il est difficile en ce moment de parler de la reprise d’un processus de paix », avait concédé Emmanuel Macron mardi à Ramallah en Cisjordanie occupée. « Mais elle est plus que jamais nécessaire ». Au Caire, il a redit vouloir « parvenir enfin à la solution de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité ». « Ce n’est pas parce que cette idée est vieille qu’elle est devenue caduque », a-t-il martelé.
Emmanuel Macron avait proposé en Israël une « coalition » internationale pour « lutter » contre le Hamas. Aucun dirigeant arabe qu’il a rencontré n’a mentionné cette idée.
Il ne l’a pas non plus évoquée au Caire mais a précisé ses objectifs : « coopération renforcée en matière de renseignement, ciblage de (groupes) terroristes (…), en s’appuyant sur le retour d’expérience de la coalition contre le groupe État islamique (EI) en Syrie et en Irak ».
(Avec AFP)
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