Égypte : Morsi interrogé sur les circonstances de son évasion de 2011

La justice égyptienne interrogeait dimanche le président déchu Mohamed Morsi sur les circonstances de son évasion de prison début 2011, pendant la révolte contre Hosni Moubarak, à la veille de nouvelles manifestations rivales au Caire. Le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei a prêté serment comme vice-président chargé des relations internationales, a annoncé la présidence intérimaire.

Une photo de Mohamed Morsi découpée et posée sur une barricade, au Caire le 13 juillet 2013. © AFP

Une photo de Mohamed Morsi découpée et posée sur une barricade, au Caire le 13 juillet 2013. © AFP

Publié le 14 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

La justice égyptienne interrogeait dimanche le président déchu Mohamed Morsi sur les circonstances de son évasion de prison début 2011, pendant la révolte contre Hosni Moubarak, à la veille de nouvelles manifestations rivales au Caire. M. Morsi et d’autres membres des Frères musulmans sont interrogés, dans un endroit tenu secret, sur les circonstances de leur évasion de la prison de Wadi Natroun (nord-ouest du Caire), ont annoncé des sources judiciaires à l’AFP.

L’enquête, menée par la Sécurité intérieure, cherche en particulier à déterminer si la confrérie a bénéficié de l’aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien, ont-elles précisé. En juin, un tribunal égyptien avait conclu que ces deux mouvements étaient impliqués.

la suite après cette publicité

Samedi, des sources judiciaires ont par ailleurs annoncé que le nouveau procureur général examinait des plaintes de particuliers contre M. Morsi et d’autres membres des Frères musulmans pour "espionnage", "incitation au meurtre de manifestants" et "mauvaise gestion économique". Cet examen pourrait aboutir à l’ouverture officielle d’une enquête.

M. Morsi — auquel des millions d’Egyptiens ont reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n’avoir servi que les intérêts de sa confrérie — a été destitué le 3 juillet par l’armée, après des manifestations massives réclamant son départ. Depuis, ses partisans protestent vigoureusement contre un "coup d’Etat" militaire et la tension demeure forte.

Les pro-Morsi, qui manifestent depuis deux semaines devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, ont prévu de nouveaux rassemblements "pacifiques" lundi, y compris à proximité de la Garde républicaine du Caire, où des dizaines de personnes ont été tuées le 8 juillet. Le camp adverse a également annoncé la tenue de manifestations lundi, place Tahrir et devant le palais présidentiel.

Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants islamistes ont à nouveau exigé le retour du premier président démocratiquement élu du pays.
Le nouveau pouvoir a assuré que M. Morsi se trouvait "en lieu sûr" et était "traité dignement". Mais le président déchu n’est pas apparu en public depuis son arrestation, et Washington, tout comme Berlin, a réclamé sa libération.

la suite après cette publicité

Entretiens avec ministres pressentis

Parallèlement, les nouvelles autorités s’efforcent de constituer au plus vite un nouveau gouvernement, afin de maintenir le cap politique fixé par le président intérimaire Adly Mansour. Le Premier ministre Hazem Beblawi poursuivait dimanche ses entretiens avec les ministres pressentis. Le prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei, qui participe à ces entretiens, a prêté serment dimanche comme vice-président chargé des relations internationales.

la suite après cette publicité

Selon M. Beblawi, la composition du gouvernement pourrait être annoncée mardi ou mercredi. Il sera constitué de 30 membres, a-t-il ajouté, réaffirmant que ses priorités seraient de restaurer la sécurité, d’assurer la fourniture des biens et services et de préparer les échéances électorales (législatives et présidentielle).

Selon des sources officielles citées par l’agence Mena, le ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi –nouvel homme fort du pays–, devrait conserver son poste. Le processus de transition édicté par la présidence intérimaire prévoit des législatives d’ici début 2014, après l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Dans les rues, la mobilisation et la tension se sont accompagnées de violences qui ont fait près d’une centaine de morts depuis la destitution de M. Morsi dont 53, le 8 juillet, lors d’une manifestation pro-Morsi devant la Garde républicaine, dans des circonstances confuses. Un mandat d’arrêt a été émis contre le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d’autres responsables de la confrérie, en lien avec ce drame. Quelque 250 personnes ont en outre été inculpées.

L’organisation Human Rights Watch (HRW) a critiqué l’enquête menée jusqu’à présent, soulignant qu’elle devait aussi déterminer les responsabilités parmi les forces de l’ordre. HRW a déclaré n’avoir trouvé "aucune preuve" d’attaque du siège de la Garde républicaine, comme l’avance l’armée, et a estimé au contraire que les manifestants priaient "dans le calme" quand les tirs ont débuté.

L’évolution de la crise dans le pays le plus peuplé du monde arabe est suivie de près à l’étranger. Le Koweït, qui s’est engagé à apporter une aide de 4 milliards de dollars à l’Egypte, lui a d’ores et déjà fourni des produits pétroliers d’une valeur de 200 millions de dollars, selon la presse koweïtienne.
 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires