Égypte : les tractations politiques se poursuivent

Les tractations, entamées samedi, devaient se poursuivre dimanche pour la formation du gouvernement intérimaire d’Egypte alors que le procureur général a annoncé examiner plusieurs plaintes contre Mohamed Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet.

Un homme passe devant des blindés de l’armée égyptienne, le 13 juillet 2013 au Caire. © AFP

Un homme passe devant des blindés de l’armée égyptienne, le 13 juillet 2013 au Caire. © AFP

Publié le 14 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Les tractations, entamées samedi, devaient se poursuivre dimanche pour la formation du gouvernement intérimaire d’Egypte alors que le procureur général a annoncé examiner plusieurs plaintes contre Mohamed Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet.

Cette annonce a suivi des manifestations de masse au Caire en faveur du président déchu, qui se poursuivent depuis deux semaines.

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Samedi, le Premier ministre Hazem Beblawi a débuté dans la journée des entretiens téléphoniques avec les ministres pressentis. Ceux-ci se poursuivront dimanche, et le gouvernement pourrait-être annoncé mardi ou mercredi. Celui-ci sera constitué de 30 membres, a ajouté M. Beblawi, relevant que ses priorités seraient de restaurer la sécurité, d’assurer la fourniture des biens et services et de préparer les échéances électorales (législatives et présidentielle).

D’après des sources officielles, citées par l’agence Mena, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, et surtout celui de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi –le nouvel homme fort du pays–, devraient garder leur poste. Le vice-président chargé des relations internationales et figure de l’opposition anti-Morsi, Mohamed ElBaradei, ainsi que l’économiste Ziad Bahaa Eldin, pressenti comme vice-Premier ministre, participent aux consultations préalables.

Ces démarches témoignent de la volonté du nouveau pouvoir d’aller de l’avant malgré la poursuite des protestations de rue des partisans de M. Morsi, destitué par l’armée après des manifestations massives appelant à son départ.

Vendredi, dans le bras de fer entre camps rivaux, des centaines de manifestants anti-Morsi se sont rassemblés place Tahrir, ainsi qu’aux abords du palais présidentiel, où ils ont rompu le jeûne en fin de journée, pour le premier vendredi du ramadan. Mais la foule a surtout été particulièrement nombreuse ce jour là devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, où les pro-Morsi manifestent depuis deux semaines. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont de nouveau exigé le retour du président islamiste.

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Une nouvelle manifestation de masse pacifique" est prévue lundi, a affirmé à l’AFP un porte-parole des Frères musulmans, Tareq al-Morsi. "Nous sommes là pour faire passer le message aux militaires que nous ne renoncerons pas à la légitimité" du premier président élu démocratiquement, a pour sa part fait valoir vendredi un manifestant, Achraf Fangary. "Nous défendrons Morsi par notre sang", a ajouté Mohamed Yousry.

Un haut responsable islamiste, Safwat Hegazi, a réitéré les exigences des Frères musulmans: retour immédiat de M. Morsi, tenue de législatives et création d’une commission pour la réconciliation nationale.

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Le nouveau pouvoir, resté sourd à ces demandes, a assuré que M. Morsi se trouvait "en lieu sûr" et était "traité dignement". Mais il n’est pas apparu en public depuis son arrestation, dans la foulée de sa destitution. Washington, qui consacre 1,3 milliard de dollars d’aide militaire par an à l’Égypte, a réclamé vendredi sa libération, ainsi que Berlin.

Samedi, des sources judiciaires ont indiqué que le nouveau procureur général étudiait des plaintes de particuliers contre Mohamed Morsi et d’autres responsables de sa confrérie des Frères musulmans, pour espionnage, incitation au meurtre de manifestants et mauvaise gestion économique.

Cette première étape pourrait aboutir par la suite à l’ouverture officielle d’une enquête.

Au cours de la semaine écoulée, les autorités ont souligné qu’aucune poursuite n’avait pour l’heure été engagée contre l’ex-chef de l’Etat. A Tunis, quelques milliers de personnes ont aussi manifesté samedi, à l’appel du parti islamiste Ennahda au pouvoir, pour dénoncer le renversement du président égyptien.

Si aucune violence n’a émaillé les manifestations de vendredi au Caire, près d’une centaine de personnes sont mortes depuis le renversement de M. Morsi, accusé d’avoir trahi les idéaux de la révolte contre Hosni Moubarak, de n’avoir pas su gérer le pays et de n’avoir servi que les intérêts de sa confrérie.

Lundi dernier, 53 personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées lors d’une manifestation pro-Morsi, dans des circonstances confuses. Un mandat d’arrêt a été émis contre le Guide suprême, Mohamed Badie et d’autres responsables de la confrérie, en lien avec ce drame. Quelque 250 personnes ont en outre été inculpées.
 

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