Après l’Égypte, des appels à la « rébellion » lancés en Libye

Des appels à la « rébellion » en Libye inspirés par le soulèvement en Égypte font craindre la contagion, poussant les deux partis rivaux dominant l’Assemblée nationale à reléguer au second plan leur rôle législatif pour ne pas être la cible des protestataires.

Des Libyens font la fête après avoir voté pour élire les membres de l’Assemblée, en 2012. © AFP

Des Libyens font la fête après avoir voté pour élire les membres de l’Assemblée, en 2012. © AFP

Publié le 7 juillet 2013 Lecture : 3 minutes.

Plusieurs pages Facebook ont été créées, telles que "Mouvement refus" qui comptait dimanche plus de 9.000 membres, ou "Mouvement Tamarrod de la nouvelle Libye pour faire tomber les partis" (5.600 membres). Ces groupes réclament notamment la dissolution des partis et des milices armées.

Ils tentent d’imiter le mouvement Tamarrod (rébellion) en Egypte qui a abouti à la destitution du président islamiste Mohamed Morsi.

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Les militants derrière ces groupes estiment que la lutte pour le pouvoir entre les deux partis rivaux, l’Alliance des forces nationales (AFN, libérale) et le Parti pour la Justice et la Construction (PJC), bras politique des Frères musulmans en Libye, paralyse les travaux de l’Assemblée nationale et retarde la rédaction d’une Constitution.

L’AFN et le PJC s’accusent mutuellement de s’appuyer sur des milices pour accaparer le pouvoir.

Le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité du pays, issu des élections du 7 juillet 2012, a pour mission de conduire le pays, en 18 mois, à des élections générales après la rédaction d’une Constitution établissant la nature du régime politique.

"Gel" du PJC au Congrès

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L’AFN, qui a gagné les élections de juillet 2012 avec 39 sièges sur 200, mais a échoué à parvenir aux postes-clés du pouvoir, a annoncé jeudi qu’elle suspendait partiellement sa participation au CGN. Les libéraux l’ont qualifié de "mise en scène politique dirigée par le pouvoir des armes et non par la volonté de l’électeur".

Ils ont notamment dénoncé l’adoption d’une loi controversée sur l’exclusion politique des anciens collaborateurs du régime de Mouammar Kadhafi, votée sous la pression de milices armées islamistes, conçue selon eux pour exclure leur chef, Mahmoud Jibril, ancien cadre du régime déchu.

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Selon Taoufik al-Chehibi, président du bloc de l’AFN au Congrès, l’Alliance réclame essentiellement une "feuille de route" pour mettre fin à la période de transition. "Le CGN a perdu du temps à discuter des questions secondaires, délaissant les questions essentielles", a-t-il dit dimanche à l’AFP.

Dans une démarche similaire, le PJC a annoncé se démarquer de l’action de ses députés au sein du CGN et de ses ministres dans le gouvernement.

Dans un communiqué dont l’AFP a obtenu une copie, le parti islamiste a annoncé le "gel" de son activité au Congrès.

Toutefois, les membres du parti au Congrès vont continuer à travailler de manière individuelle, indépendamment du parti et en dehors de son programme", indique le communiqué.

Le chef du PJC, Mohamed Sawan, a déclaré à l’AFP que cette initiative s’inscrivait dans le cadre de la "décrispation de l’atmosphère politique", pour éviter des répercussions en Libye de la situation en Egypte, pays profondément divisé entre pro et anti-Morsi, où l’armée a démis le président issu des Frères musulmans.

Concessions

Le PJC qui avait appuyé la loi sur l’exclusion politique des anciens collaborateurs du régime Kadhafi, semble désormais prêt à faire des concessions.

Ainsi, il a appelé dans son communiqué le "CGN à examiner de manière positive toute initiative, y compris la soumission de la loi sur l’exclusion politique à un référendum".

L’opinion publique "estime que ce sont les partis politiques qui sont à l’origine de la confusion en Libye", a souligné M. Sawan.
Signe que les appels au changement se multiplient, des représentants de dizaines de tribus réunis samedi à Zentan, ville à 180 km au sud de Tripoli, ont appelé "à geler les travaux du CGN et le gouvernement intérimaire et à créer un gouvernement restreint composé de cinq ministres pour gérer la crise".

Dans un SMS envoyé aux abonnés de téléphonie mobile, le cheikh Sadok al-Gharyani, plus autorité religieuse du pays, a en revanche appelé les Libyens à "défendre la légitimité du CGN", sous peine de quoi le pays "risque de tomber dans le chaos".
 

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