En Tunisie, le patron de la fédération de foot écroué
En poste depuis 2012, Wadie Jary est depuis longtemps dans le viseur de la justice. Entretenant des relations difficiles avec le pouvoir politique, il lui était déjà interdit de quitter le territoire depuis le mois de février.
Le président de la Fédération tunisienne de football (FTF) Wadie Jary a été placé en détention dans le cadre d’une enquête pour des soupçons de corruption, a indiqué un porte-parole judiciaire aux médias locaux le 26 octobre. Un juge du Tribunal de première instance de Tunis a décidé d’émettre un mandat de dépôt à l’encontre de Jary, a précisé le porte-parole du Tribunal, Mohamed Zitouna.
Le plus haut dirigeant du football tunisien avait été interpellé le 25 octobre au soir par des policiers à la suite d’une « plainte judiciaire déposée par le ministère concernant l’illégalité d’un contrat conclu entre la Fédération et un directeur technique », avait annoncé Chokri Hamda, porte-parole du ministère de la Jeunesse et des Sports. Selon lui, le dossier est lié « à de la corruption financière au sein de la Fédération ». L’avocat de Wadie Jary n’était pas joignable pour d’éventuels commentaires.
Élu à la présidence de la FTF en 2012, il a été visé par plusieurs enquêtes portant sur l’organisation de matchs truqués, des affaires de blanchiment, de détournement de fonds et de corruption. Il a toujours réfuté ces accusations en présentant des arguments.
Les médias locaux ont aussi fait état de désaccords profonds entre Jary, un ancien joueur et ex-entraîneur ayant bénéficié par le passé d’importants appuis politiques, et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche, nommé par le président Kaïs Saïed.
Bras de fer avec le CS Chebba
À l’automne 2020, un vif différend avait déjà éclaté entre Wadie Jary et le président du club du Croissant sportif de Chebba (CS Chebba) Taoufik Mkacher. La FTF avait suspendu le club en réclamant le paiement d’amendes et l’envoi de documents administratifs. Cette décision, dénoncée publiquement par Mkacher comme une « injustice », avait provoqué une grève générale et des manifestations pendant plus de 10 jours dans cette ville de 22 000 habitants.
Taoufik Mkacher et le secrétaire général du club avaient été interdits d’exercer leurs mandats pendant deux ans par la FTF après une publication sur Facebook où le président du CS Chebba dénonçait une gestion « autoritaire » du président de la FTF, un manque de transparence, et réclamait un audit de ses finances.
(Avec AFP)
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