Égypte: manifestations attendues, El Baradei pressenti

L’Égypte, dont le poste de Premier ministre de transition pourrait échoir à Mohamed , doit être le théâtre dimanche de manifestations massives opposant pro et anti-Morsi, notamment au Caire où l’armée est déployée en force pour tenter de prévenir de nouveaux affrontements.

Des Egyptiens cirent des slogans lors des obsèques de victimes des violences, le 6 juillet 2013 au © AFP

Des Egyptiens cirent des slogans lors des obsèques de victimes des violences, le 6 juillet 2013 au © AFP

Publié le 7 juillet 2013 Lecture : 4 minutes.

Dans le Nord-Sinaï près de la ville d’El-Arich, un pipeline acheminant du gaz vers la Jordanie a été la cible d’un attentat à la bombe tôt dimanche matin, pour la première fois depuis près d’un an, ont indiqué des témoins à l’AFP.

Cet attentat alimente la flambée de violences qui a déjà fait 37 morts en 24 heures, et au cours de laquelle le mouvement Tamarrod (rébellion en arabe), à l’origine des manifestations monstres contre M. Morsi qui ont mené à sa destitution par l’armée, a appelé à une nouvelle mobilisation dimanche.

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Sur la place Tahrir, des groupes de manifestants anti-Morsi qui y campent ont été rejoints par d’autres en prévision des marches de dimanche.

Dans le camp opposé, les Frères musulmans, cibles d’une campagne de répression des nouvelles autorités, ont de leur côté appelé à protester "par millions" contre "l’Etat policier" instauré après le "coup d’Etat militaire".

Les islamistes ont promis de rester dans les rues jusqu’au retour de M. Morsi, premier président élu démocratiquement du pays, alors que l’influent prédicateur Youssef al-Qaradaoui, mentor des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, a déclaré "nulle et non avenue" sa destitution dans une fatwa.

La journée pourrait également être marquée par des avancées dans les négociations pour la nomination d’un Premier ministre de transition, poste pour lequel Mohamed ElBaradei, ténor de l’opposition à Mohamed Morsi, était pressenti dans la nuit de samedi à dimanche.

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Feuille de route lancée

M. ElBaradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), est le "choix le plus logique" pour former un gouvernement de transition avant des élections générales à une date non précisée, a indiqué un conseiller du président intérimaire Adly Mansour.

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Toutefois, sa nomination n’a pas encore été actée, a-t-il ajouté, après qu’elle a été annoncée par l’agence officielle Mena et qu’une source militaire l’a confirmée à l’AFP. Une source proche du dossier a expliqué à l’AFP que des négociations étaient en cours avec des dirigeants du parti salafiste d’al-Nour pour tenter de les convaincre de se rallier au choix de M. ElBaradei.

"Les Etats-Unis ne soutiennent aucun groupe en particulier"

L’opposition à M. Morsi avait chargé M. ElBaradei de la représenter dans la transition politique. Rentré en Egypte en 2010 après une carrière internationale, il avait soutenu le soulèvement populaire qui avait chassé Hosni Moubarak du pouvoir en 2011 et avait ensuite réclamé le départ de M. Morsi.

C’est aux côtés de M. ElBaradei, du chef du parti salafiste et de représentants de Tamarrod, entre autres, que le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, avait annoncé mercredi soir le coup militaire et l’éviction de M. Morsi, remplacé dès le lendemain par M. Mansour, président de la Haute cour constitutionnelle.

Le président américain Barack Obama "a répété que les Etats-Unis ne (…) soutiennent aucun (…) groupe égyptien particulier" dans le pays plus que jamais divisé.

Dans ce contexte tendu, M. Mansour a eu des entretiens avec le général Sissi, nouvel homme fort du pays, ainsi qu’avec M. ElBaradei et des représentants de Tamarrod.

Après avoir évincé le président islamiste en arguant qu’il n’était pas à même de régler la crise politique, l’armée et les nouvelles autorités ont lancé une campagne ciblant les Frères musulmans, arrivés au pouvoir avec l’élection de M. Morsi après avoir été interdits pendant 30 ans de régime Moubarak.

M. Morsi, accusé par ses détracteurs d’accaparer le pouvoir, est détenu par l’armée, et le Guide suprême Mohamed Badie est sous le coup, avec huit autres chefs de la confrérie, d’une accusation d’"incitation au meurtre". Le numéro deux de la confrérie, Khairat al-Chater, a été arrêté.

Affrontements armés

Dans leur épreuve de force avec l’armée, les islamistes insistent sur le caractère "pacifique" de leurs appels à mobiliser, et dénoncent des provocations. Mais des résidents de certains quartiers du Caire ont affirmé à l’AFP avoir vu leurs partisans armés de sabres, de bâtons et d’armes automatiques lors d’une nuit marquée par de graves violences.

Dans le quartier de Manial, des habitants ont fait état de tireurs embusqués postés sur des toits.

Dans la capitale, des barricades et des rues jonchées de pierres et de pneus calcinés témoignaient des violences, tandis que les forces anti-émeutes était présentes à plusieurs carrefours et ponts. Les accès à Tahrir étaient quant à eux contrôlés par des anti-Morsi armés de bâtons.

Vendredi, les violences entre pro et anti-Morsi, mais aussi entre pro-Morsi et soldats, ont fait 30 morts et plus de 1.400 blessés, essentiellement au Caire et à Alexandrie (nord). Dans le Sinaï (nord-est), 5 policiers et un soldat ont été tués par des islamistes et un prêtre copte a été abattu par des hommes armés.

Depuis leur début le 26 juin, les heurts ont fait plus de 80 morts dans le pays.
 

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