Au Liberia, l’ex-candidat Cummings conditionne son soutien au second tour à un tribunal pour crimes de guerre

Alexander Cummings, cinquième du premier tour et figure politique de premier plan au Liberia, a conditionné son soutien en vue du second tour à la création d’un tribunal pour juger les crimes commis durant la guerre civile qui fit 250 000 morts.

Des fonctionnaires électoraux comptent les votes après les élections générales dans un bureau de vote à Monrovia, le 10 octobre 2023. © JOHN WESSELS / AFP

Des fonctionnaires électoraux comptent les votes après les élections générales dans un bureau de vote à Monrovia, le 10 octobre 2023. © JOHN WESSELS / AFP

Publié le 28 octobre 2023 Lecture : 2 minutes.

« Nous pensons qu’il est important d’aider le Liberia à aller de l’avant, à guérir la nation, à mettre derrière nous cette ère d’impunité, a déclaré dans un entretien à l’AFP Alexander Cummings, l’un des principaux opposants, cinquième du premier tour avec 1,62% des voix. Si nous devons laisser le passé derrière nous, la création d’un tribunal pour les crimes de guerre et économique n’est que le début du chemin. »

Cette proposition fait partie des douze conditions relayées auprès du président sortant George Weah et de son challenger Joseph Boakai en vue d’un éventuel soutien. Les tractations des deux derniers prétendants à la présidence – arrivés au coude-à-coude au premier tour avec un peu plus de 43% des voix chacun – avec les 18 autres participants s’intensifient pour nouer des alliances avant le second tour prévu le 14 novembre.

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« Des chefs de guerre à des postes de gouvernance »

La création d’un tel tribunal « reste d’actualité précisément parce que nous avons des chefs de guerre et d’autres personnes soupçonnés d’avoir commis des crimes de guerre qui sont à des postes de gouvernance (et qui) n’ont jamais été traduits en justice », a ajouté Alexander Cummings.

L’un des plus emblématiques est Prince Johnson, qu’une vidéo montrait en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990. Toujours sénateur, influent, il a noué une alliance avec Joseph Boakai pour les élections. « Cette alliance est quelque chose qui nous fait réfléchir un peu et que nous devons considérer » mais « ce n’est qu’une considération parmi tant d’autres », a déclaré Alexander Cummings.

Quant au président sortant Weah, il avait évoqué la création d’un tribunal pour les crimes de guerre, mais il ne l’a jamais mis en place, « l’une des nombreuses choses auxquelles le président n’a pas donné suite », a estimé l’influent ex-homme d’affaires.

Aucun procès au Liberia à ce jour

Entre 1989 et 2003, le Liberia a été ravagé par une guerre civile qui a fait 250 000 morts. Un conflit sanguinaire et particulièrement atroce, ponctué de massacres, de mutilations, de viols, d’actes de cannibalisme et du recrutement forcé d’enfants soldats. Aucun procès ne s’y est à ce jour tenu, bien que plusieurs aient eu lieu à l’étranger.

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Les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) en 2009, dont la mise en place d’un tribunal pour crimes de guerre, sont largement restées lettre morte, notamment au nom du maintien de la paix, certains des chefs de guerre incriminés étant de fait restés très influents.

(Avec AFP)

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