Guerre Israël-Hamas : l’avertissement de la CPI à Tel-Aviv
Le procureur de la Cour pénale internationale a averti Israël que bloquer les camions d’aide humanitaire peut constituer un crime, alors que les appels se multiplient pour laisser passer le soutien à destination des civils. De nombreux camions d’aide humanitaire sont toujours coincés à Rafah, à la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza.
À l’heure où s’entasse l’aide internationale à destination des civils palestiniens au poste-frontière de Rafah, reliant l’Égypte à Gaza, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a averti après s’être rendu à ce point d’accès, le 29 octobre qu’« empêcher l’acheminement de l’aide [dans la bande de Gaza] peut constituer un crime ».
Devant des journalistes, il a ajouté qu’« Israël doit s’assurer sans délai que les civils reçoivent de la nourriture, des médicaments » à Gaza. « À Rafah, j’ai vu des camions bloqués, remplis de biens et d’aide humanitaire, loin des bouches affamées et des blessures » des habitants de Gaza, a affirmé Khan. Établie en 2002, la CPI est la seule juridiction internationale indépendante qui mène des enquêtes sur les crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Israël, qui n’est pas membre de la CPI, a refusé de coopérer à l’enquête.
Après l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, Tel-Aviv a dit vouloir détruire le mouvement islamiste palestinien et mène depuis des bombardements incessants sur la bande de Gaza, qu’il contrôle. Depuis le 9 octobre, Israël impose un « siège total » à Gaza, interrompant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire était déjà soumis à un blocus israélien.
Camions bloqués
Les appels se multiplient pour laisser passer le soutien humanitaire à destination des civils. Trente-trois camions d’aide sont entrés le 29 octobre à Gaza, soit le plus important convoi à pénétrer dans le territoire palestinien depuis la reprise limitée de l’acheminement de l’aide humanitaire, le 21 octobre, a annoncé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
Khan a déclaré « enquêter sur les crimes qui pourraient avoir été commis en Israël, le 7 octobre » mais aussi « sur les événements en cours à Gaza et en Cisjordanie » dans le cadre de l’enquête officielle de la CPI ouverte en 2021 sur les Territoires palestiniens. En Cisjordanie occupée, plus de 110 Palestiniens ont été tués par des colons et lors d’opérations de l’armée israélienne depuis le 7 octobre.
Khan s’est dit « très préoccupé par l’augmentation du nombre d’attaques signalées de colons contre des civils palestiniens » dans le territoire occupé par Israël depuis 1967. Il a également souligné que la prise d’otages par le Hamas le 7 octobre lors de l’attaque constituait une violation des conventions de Genève. « J’appelle à la libération immédiate de tous les otages enlevés en Israël et à leur retour en toute sécurité dans leur famille », a-t-il déclaré.
Bombardements de civils
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est alarmé le même jour d’une situation « de plus en plus désespérée » dans la bande de Gaza, déplorant qu’Israël y ait « intensifié ses opérations militaires ».
Il a qualifié de « totalement inacceptable » le nombre de civils tués et blessés. Plus de 8 000 personnes, majoritairement des civils, ont été tués à Gaza dans les bombardements israéliens, d’après le ministère de la Santé du Hamas. En Israël, plus de 1 400 personnes sont mortes depuis le 7 octobre, essentiellement des civils tués le jour de l’attaque au cours de laquelle le Hamas a pris 239 personnes en otage, selon les autorités israéliennes.
(avec AFP)
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