Israël-Hamas : le Liban, impuissant, veut « éviter d’entrer dans la guerre »
Pris dans le tourment d’une guerre qui menace d’embraser toute la régions, l’exécutif libanais, fragile, peine à contenir son encombrant partenaire le Hezbollah, et cherche des médiations.
S’il ne peut « écarter une escalade » le Premier ministre libanais Najib Mikati assure qu’il fait « son possible afin d’éviter que le Liban entre dans la guerre ». « Le Liban est dans l’œil du cyclone » a-t-il ajouté. Najib Mikati, qui dirige de facto le pays privé de président depuis un an, a indiqué ne pas être en mesure de dire si le Hezbollah, avec lequel il maintient des contacts, voulait une nouvelle guerre avec Israël. « Tout est lié aux développements dans la région », a-t-il dit, estimant que, faute d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, les risques d’une « escalade régionale » étaient grands.
Des analystes jugent qu’une intensification de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza pourrait pousser le Hezbollah à intervenir plus ouvertement. Son leader Hassan Nasrallah devrait s’exprimer pour la première fois depuis le 7 octobre ce vendredi, le 3 novembre. « Jusqu’à aujourd’hui, je vois que le Hezbollah agit avec sagesse et raison » mais, dans le même temps, « je ne peux pas rassurer les Libanais », a souligné le Premier ministre.
Depuis le 8 octobre, le Hezbollah bombarde notamment des positions israéliennes proches de la frontière entre les deux pays pour soutenir le Hamas. Les échanges de tirs ont fait au moins 62 morts, dont 47 combattants du Hezbollah. Quatre personnes ont été tuées du côté israélien de la frontière, d’après l’armée israélienne. Mais le parti chiite s’est gardé de bombarder en profondeur le territoire israélien, comme il l’avait fait lors la guerre qui l’avait opposé à Israël en 2006.
Médiation sabotée
« Je crains qu’une escalade n’englobe toute la région et que le chaos sécuritaire s’étende à tout le Moyen-Orient », a averti le Premier ministre libanais. Depuis le début de la guerre, les alliés de l’Iran visent également Israël depuis le territoire syrien, ainsi que les bases américaines en Syrie et en Irak, alimentant les craintes d’une extension du conflit. Najib Mikati, qui a effectué une brève visite dimanche au Qatar, a souligné que Doha « jouait un rôle très important notamment dans la médiation en cours » pour tenter d’arrêter la guerre entre Israël et le Hamas.
L’organisation armée palestinienne s’est dit prête à libérer les 230 otages qu’elle détient en échange des plus de 5 000 prisonniers palestiniens incarcérés en Israël.Le Premier ministre libanais a indiqué que la médiation du Qatar avait « failli aboutir vendredi dernier, mais a été sabotée par (les opérations) terrestres des Israéliens dans Gaza ». À présent, le Qatar cherche à « reprendre ces négociations, en espérant qu’elles mèneront à un cessez-le-feu » et à un « échange de prisonniers », a-t-il dit.
« un vide institutionnel béant »
Najib Mikati, qui dirige un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits, a souligné par ailleurs qu’il était urgent que « le Liban élise au plus vite un président ». « Ce vide politique n’est pas bon pour le Liban ». « C’est vrai que le vide institutionnel libanais est béant. Dans la crise actuelle, ce vide institutionnel devient dangereux », a déclaré dans un entretien au journal Ouest France Jean-Yves Le Drian, l’envoyé spécial du président français Emmanuel Macron pour le Liban.
Depuis la fin du mandat de Michel Aoun il y a maintenant un an, les députés ont été incapables de s’entendre pour lui désigner un successeur, le Parlement étant divisé entre le camp du Hezbollah et ses adversaires. Le Premier ministre a appelé « les députés à se réunir et élire un chef de l’État » dans le pays plongé dans une profonde crise économique qui a fait basculer la majorité de la population dans la pauvreté.
« Les Libanais ont eu suffisamment de guerres, ils les ont vécues une génération après l’autre », a ajouté le Premier ministre, dont le pays a connu, outre les différents épisodes du conflit avec Israël, une longue guerre civile (1975-1990).
(Avec AFP)
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