En Tunisie, la peine de Rached Ghannouchi alourdie à 15 mois
Le chef d’Ennahdha s’est vu notifier trois mois de détention supplémentaire, signe que le régime tunisien n’est pas prêt à relâcher la pression sur le principal opposant à Kaïs Saïed.
Un tribunal tunisien a durci en appel à 15 mois de prison ferme une condamnation pour « apologie du terrorisme » prononcée à l’encontre de Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdah et principal opposant du pays, a annoncé son mouvement le 31 octobre.
Le dirigeant de 82 ans, en détention depuis avril dans un autre dossier, avait écopé en mai 2023 d’une peine d’un an de prison et d’une amende d’environ 300 euros, confirmée en appel. Début 2022, lors de funérailles d’un responsable d’Ennahdha, il s’était attiré les foudres d’un syndicat de policiers en assurant qu’il « ne craignait ni les puissants ni les tyrans ». Selon le dossier d’accusation, les policiers qui s’étaient senti désignés par ces propos, avaient alors porté plainte.
« Un risque de guerre civile »
« Ces accusations sont fausses et dépourvues de toute base légale », a indiqué le mouvement islamo-conservateur dans un communiqué, estimant que le mot « tyran » avait été « sorti de son contexte ». Et d’ajouter que ce jugement en appel vient « illustrer une fois de plus la subordination d’une partie du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif et à sa volonté de harceler ses opposants politiques ».
Interrogé dans plusieurs enquêtes et, en particulier sur l’ « envoi de jihadistes » vers la Syrie et l’Irak, ou des soupçons de « blanchiment d’argent sale », Ghannouchi est écroué depuis le 17 avril après avoir évoqué en public un risque de « guerre civile » en Tunisie si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme Ennahdha, y étaient éliminés.
Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants, d’hommes d’affaires et d’autres personnalités, qualifiées de « terroristes » par M. Saied, sont emprisonnés sous l’accusation de « complot contre la sécurité intérieure ». La dernière arrestation en date, le 5 octobre, est celle de l’opposante Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL), un mouvement nostalgique des dictatures du héros de l’indépendance Habib Bourguiba et de son successeur Zine El Abidine Ben Ali, renversé lors du Printemps arabe de 2011.
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