Sidérurgie : l’Algérie va renationaliser une filiale d’ArcelorMittal

La nationalisation imminente par l’Etat algérien de la filiale du numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal à Annaba (600 km à l’est d’Alger) est le résultat de l’échec de la privatisation de ce complexe, estiment économistes et syndicalistes.

Le PDG d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, le 8 mai. © AFP

Le PDG d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, le 8 mai. © AFP

Publié le 9 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

La nationalisation imminente par l’Etat algérien de la filiale du numéro un mondial de la sidérurgie ArcelorMittal à Annaba (600 km à l’est d’Alger) est le résultat de l’échec de la privatisation de ce complexe, estiment économistes et syndicalistes.

Réclamée à plusieurs reprises par des syndicats et certains partis politiques algériens, la nationalisation d’El Hadjar privatisé en 2001, n’est plus qu’une "affaire de jours", a annoncé samedi à l’AFP l’ancien secrétaire général du syndicat d’entreprise, Smain Kouadria.
Un pré-contrat a été signé cette semaine entre Arcelor, qui détient 70% des parts du complexe d’Annaba et Sider, son partenaire public algérien, a assuré M. Kouadria, qui a participé à l’élaboration de la feuille de route.

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"Douze ans après sa privatisation, le complexe sidérurgique d’El Hadjar fait toujours face aux conséquences du sous-investissement, de la dégradation des installations et équipements, de la fermeture des sites de production essentiels", constate Abdelatif Rebah, économiste.

M. Kouadria renchérit : "C’est l’échec de la privatisation : aucun investissement, la réduction des effectifs et pas d’amélioration des conditions de travail".
Le complexe, propriété de l’Etat algérien, avait été racheté à 70% en 2001 par l’indien Ispat, qui appartient au groupe Mittal.

"Lors de la signature de la privatisation le 18 octobre 2001, les effectifs étaient de 11.200, ils ne sont plus que 5.600 travailleurs", rappelle le syndicaliste devenu député.

La feuille de route, dont l’AFP a obtenu une copie et qui devrait être bientôt présentée au Conseil de participation de l’Etat (CPE), prévoit que Sider injecte 100 millions de dollars au capital et ArcelorMittal 56 millions de dollars.

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Un plan de développement sera financé par l’apport de 700 millions de dollars d’une banque publique sur la base d’un échéancier et en fonction de la réalisation du plan 2014/2017, selon cette feuille de route. Il y est précisé que le complexe devrait atteindre sa pleine capacité de production, 2,2 millions de tonnes d’acier, en 2017.

"Cette semaine, les deux parties ont renégocié pour porter la participation de Sider à 120 millions de dollars et celle d’Arcelor à 100 millions de dollars et arriver ainsi à 51/49 % avec la majorité pour la partie algérienne", a affirmé M. Kouadria.
Il a précisé que la somme prévue initialement dans la feuille de route a déjà été versée.

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Pour l’économiste Abderrahmane Mebtoul, "à l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2014 et avec les tensions sociales actuelles, le gouvernement n’est pas préoccupé par la rentabilité économique".

"La reprise éventuelle par l’Etat algérien d’une fraction des parts d’Arcelor Mittal entre dans ce cadre d’apaisement social", a ajouté M. Mebtoul dans un entretien publié dans la presse algérienne.

"Arcelor Mittal, qui a empoché de substantiels profits du marché algérien des produits sidérurgiques, a exigé de l’argent frais des banques algériennes pour réaliser ce qui relève de ses affaires d’industriel", analyse M. Rebah, estimant que le groupe faisait "le chantage de l’enfant gâté qui menace de +rompre+ en cas de refus".

L’Algérie importe pour 10 milliards de dollars de produits sidérurgiques chaque année, l’équivalent de 80% de ses besoins en acier. Le complexe n’a produit que 600.000 tonnes d’acier en 2012, loin de l’objectif de 700.000 tonnes fixé initialement par le groupe.

En 2012, ArcelorMittal Annaba a essuyé des pertes de 33 millions de dollars et ses perspectives de redressement sont limitées, selon la feuille de route.
Cette contreperformance est d’autant plus dommageable qu’elle s’inscrit dans un contexte économique porteur et une demande très dynamique d’acier sur le marché algérien, lit-on dans ce document.

M. Rebah conclut que "le bilan (de cette privatisation) devrait être rendu public afin que tout le monde puisse juger de la nécessité salutaire de renationaliser ce qui fut jadis le fleuron de l’industrie algérienne".

(AFP)

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