Au Niger, le procureur général affirme que Bazoum aurait tenté de s’évader

Le procureur général près la cour d’appel de Niamey, Salissou Chaïbou, a affirmé mardi 31 octobre qu’il y aurait eu tentative d’évasion de Mohamed Bazoum, ce que les avocats de l’ex-chef de l’État nient toujours vigoureusement.

Mohamed Bazoum dans son bureau du palais présidentiel, lors d’une interview accordée à Jeune Afrique, le 6 octobre 2021. © Vincent FOURNIER pour JA

Mohamed Bazoum dans son bureau du palais présidentiel, lors d’une interview accordée à Jeune Afrique, le 6 octobre 2021. © Vincent FOURNIER pour JA

Publié le 1 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

« Il s’agit de faits réels et non d’une mise en scène », a affirmé Salissou Chaïbou à propos de la prétendue tentative d’évasion de Mohamed Bazoum, renversé par le coup d’État, fin juillet, du général Abdourahamane Tiani. Dans cette déclaration diffusée à la télévision nationale, Salissou Chaïbou a aussi ajouté qu’il y avait bien eu un « plan d’exfiltration » qu’avait détaillé le régime militaire mi-octobre. « Des accusations montées de toutes pièces », avaient alors répondu les avocats de Mohamed Bazoum.

« Dans la nuit du 18 au 19 octobre », l’ancien président Bazoum, « sa famille, sa sécurité et ses cuisiniers, transportant divers colis, ont été interpellés » par des « agents de la garde présidentielle, alors qu’ils se dirigeaient vers la sortie du palais », a poursuivi Salissou Chaïbou.

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Il a ajouté qu’un véhicule les aurait attendus « en vue de les acheminer dans une maison » d’un quartier de Niamey, « identifiée comme appartenant à Mohamed Ben Hamaye, un ancien membre de la garde rapprochée de Bazoum » et « cerveau présumé de l’opération », précisant la destination de la suite de leur trajet présumé, prévu en hélicoptère : Birnin Kebbi, dans le nord-ouest du Nigeria.

Dans un communiqué au lendemain de la prétendue interpellation, les avocats du président déchu ont nié que leur client ait tenté de s’évader et de quitter le pays.

« Espionnage »

Salissou Chaïbou a encore indiqué qu’« une fouille minutieuse des colis et une perquisition opérée dans la résidence de l’ancien président avaient permis la découverte d’importantes sommes d’argent en [francs] CFA et en devises étrangères, ainsi que divers biens précieux ».

« Notamment, une somme de 86 250 000 francs CFA, 17 017 dollars américains, 3 835 euros, 5 livres sterling, 16 cedis, 2 800 grammes d’or, 333 grammes d’argent », du matériel électronique et « de nombreuses puces de téléphone » qui « indiquent des utilisations uniques pour des appels en vue de brouiller les pistes », a-t-il détaillé. Il a également évoqué la découverte d’« une dizaine de téléphones portables détruits ».

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En outre, Salissou Chaïbou a fait état d’« espionnage », en plus du « renseignement sur le dispositif de la garde présidentielle », avant l’envoi d’images « aux Français par l’ancien président de la République », Mohamed Bazoum. « Vingt-trois personnes civiles et militaires ont été interpellées dans le cadre de cette affaire », a-t-il affirmé, rappelant qu’une « enquête est en cours ». Il a également rappelé que Mohamed Bazoum se trouve dans sa résidence présidentielle, où il est retenu avec sa femme et son fils depuis le coup d’État qui l’a renversé le 26 juillet.

« La junte tente de détourner l’attention »

Daouda Djibo Takoubakoye, directeur de cabinet adjoint de Mohamed Bazoum, a réagi quelques heures après la conférence de presse du procureur général.

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« Quel besoin un président qui s’évade peut-il avoir d’emmener dans sa fuite deux cuisiniers ? Comment un président qui s’échappe peut-il transporter des valises contenant de l’or, de l’argent, des bijoux et même des effets personnels aussi inutiles que des téléphones cassés et une antenne parabolique de couleur blanche ? », s’est-il notamment interrogé.

« Cette tentative d’évasion n’a jamais eu lieu et la junte tente de détourner l’attention des populations meurtries par les dures réalités de la vie », a encore ce proche du président déchu.

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